Les mesures de rétorsion prises par le Maroc contre la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso) sont "sans précèdent" et affectent sa capacité à s'acquitter de son mandat, a dénoncé jeudi l'Organisation des Nations unies (ONU). "Le mandat de la Minurso a été donné par le Conseil de sécurité (à) Ce à quoi nous assistons est sans précédent", a déclaré Stéphane Dujarric, porte parole du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, au cours d'un point de presse. M. Dujarric a indiqué que "la Mission permanente du Maroc à l'ONU a remis jeudi, à M. Ban et à l'Union africaine, une liste de 84 membres internationaux des effectifs civils de la Minurso qui doivent quitter le Royaume du Maroc sous trois jours". Dans une tentative ratée pour amener Ban Ki-moon à changer sa position sur le conflit au Sahara occidental, le Maroc a annoncé mardi dernier qu'il allait réduire de manière importante la composante civile de la Minurso, en particulier la branche politique, et de cesser avec effet immédiat sa contribution financière à cette mission. Le ministère des Affaires étrangères marocain a également fait savoir, via un communiqué, qu'il allait retirer ses contingents engagés dans les opérations de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU. Selon le porte parole de M. Ban, les effectifs que le Maroc demande d'évacuer des territoires sahraouis occupés "concernent presque la quasi totalité du personnel civil expatrié de la Minurso", en ajoutant qu'il "devient pratiquement impossible pour la mission de remplir son mandat sur une période prolongée dans le temps" avec cette importante réduction du personnel. En attendant, les départements du maintien de la paix et de l'appui aux missions continuent de faire des plans de contingence pour un ensemble de situations possibles compte tenu de ce qui a été annoncé par les autorités marocaines, a-t-il précisé. "C'est une décision unilatérale que j'estime en contradiction avec les obligations internationales du Maroc", a affirmé le porte parole de Ban Ki-moon, en soulignant que tous les différends survenus jusqu'ici entre l'ONU et les pays accueillant des missions de maintien de la paix ont été résolus d'une façon consensuelle et sur une période étalée dans le temps. Jeudi, le secrétariat général de l'ONU a fait un point de situation avec le Conseil de sécurité, au cours d'une réunion à huis clos, pour évaluer l'impact potentiel de cette décision et réfléchir à des mesures pour y faire face. Rabat contribue autour de 3 millions de dollars au financement de la Minurso et compte 2.321 soldats dans trois missions de maintien de la paix au Côte d'Ivoire, au Congo et en République centre africaine, selon Dujarric. L'ONU qui avait sévèrement recadré le Maroc pour ses attaques irrespectueuses contre son secrétaire général, a indiqué mercredi que ce dernier n'allait pas se rendre à Rabat dans le cadre de la deuxième étape de sa tournée régionale, prévue pour relancer les négociations entre le Front Polisario et Rabat. Mais, elle a souhaité que Christopher Ross puisse poursuivre sa mission dans la région en tant qu'émissaire de l'ONU et chargé d'un mandat de la part du Conseil de sécurité.