Le journaliste et l'ancien dirigeant de l'audiovisuel français, Hervé Bourges, a dénoncé samedi sur les ondes d'Europe 1 la récupération politique autour de la commémoration en France par le président François Hollande du 19 mars 1962, soulignant qu'il est "important" que cette date "soit marquée". L'ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA, 1995-2001) a jugé "scandaleux" que certains "utilisent [cette polémique] à des fins politiques", faisant allusion à la tribune de l'ancien chef d'Etat français Nicolas Sarkozy publiée samedi par le Figaro dans laquelle il fustigeait le choix de François Hollande de commémorer cet événement qui avait mené à l'indépendance de l'Algérie. Cette commémoration en France par le chef d'Etat, une première, a suscité une levée de boucliers au sein des associations de harkis, pieds-noirs et de politiques de droite. "Que cela puisse choquer des consciences, je veux bien le croire", a-t-il dit soulignant qu'il "est tout à fait normal que ce soit ce jour-là qui soit commémoré". Pour lui, "il est important que cette date soit marquée", relevant que les prédécesseurs de Hollande, notamment dans le camp socialiste "ont eu peur des lobbys". Il y a 54 ans, le 19 mars 1962, le cessez-le-feu était entré en vigueur à la faveur des Accords d'Evian signé par le gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne qui mettent fin à 132 ans de colonisation et à plus de 7 ans de guerre de libération (Novembre 1954 à juillet 1962). Dans une tribune publiée par le journal le Monde, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, a souligne le 19 mars 1962 "signe la fin d'un projet politique, celui de tous ceux qui croyaient à l'Algérie française. Le 8 janvier 1961, par référendum, les Français se prononcent à 75% pour le droit à l'autodétermination de l'Algérie. C'est aussi cela le sens du 19 mars: la mort d'un projet politique né 132 ans plus tôt sous la Monarchie de Juillet et devenu incompatible avec les valeurs de notre République". Pour Todeschini, ce jour "marque la volonté commune de la République française et du Gouvernement provisoire de la République algérienne de cesser les hostilités et d'engager les deux pays dans une nouvelle voie, celle de la coopération dont nous sommes aujourd'hui encore les acteurs".