Le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, a affirmé samedi que le 19 mars 1962 avait mis fin au projet politique de "l'Algérie française" pour que la France et l'Algérie s'engagent dans la coopération. "Le 19 mars (1962) signe la fin d'un projet politique, celui de tous ceux qui croyaient à l'Algérie française. Le 8 janvier 1961, par référendum, les Français se prononcent à 75 % pour le droit à l'autodétermination de l'Algérie. C'est aussi cela le sens du 19 mars: la mort d'un projet politique né 132 ans (...)", a-t-il précisé dans une tribune publiée par le journal le Monde. Pour Jean-Marc Todeschini, ce jour "marque la volonté commune de la République française et du Gouvernement provisoire de la République algérienne de cesser les hostilités et d'engager les deux pays dans une nouvelle voie, celle de la coopération dont nous sommes aujourd'hui encore les acteurs". Il a ajouté également que cette "date historique", celle du jour où est proclamé le cessez-le-feu en Algérie au lendemain de la signature des accords d'Evian, "signe (à), et pour la première fois après huit années de guerre, l'arrêt des combats entre l'armée française et l'Armée de libération nationale algérienne", relevant qu'il est vécu comme "un soulagement et la promesse d'un retour à la paix". Il a déploré, cependant, que 54 ans après "certains - par nostalgie? par calculs politiciens - semblent l'avoir oublié", soulignant qu'en 1962, "le temps n'était plus pour la France d'exister dans le monde par ses colonies". "Le général de Gaulle l'avait bien compris. Ceux qui nient cette réalité font violence au choix des Français de l'époque et trahissent l'héritage du général de Gaulle", a-t-il soutenu, recommandant qu'il est de la responsabilité des Français de "dépasser cette +guerre des mémoires+ que certains rallument, pour des considérations politiciennes et électoralistes. Mais cela exige du courage. Le courage de faire face à l'histoire. Le courage d'oser la réconciliation". La commémoration samedi par le président François Hollande, une première, du 19 mars 1962, a suscité en France, notamment dans la classe politique de droite une véritable levée de boucliers. François Hollande prononcera, samedi après-midi devant le "Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie", situé au Quai Branly (Paris), un discours à l'occasion de cette journée appelée par l'Algérie "Journée de la victoire" et par la France "Journée nationale du Souvenir Algérie-Maroc-Tunisie", une date contestée en France par les harkis des pieds-noirs qui sont restés hostiles à l'indépendance de l'Algérie. Selon des sources proches de l'Elysée, l'initiative de Hollande va dans le sens de la commémoration du cessez-le-feu et "non les Accords d'Evian", signés le 18 mars 1962 entre la France et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), ajoutant que son l'ambition est de "rendre hommage" à toutes les victimes de la guerre, dans le cadre de ce qu'il avait appelé "la paix des mémoires".