La majorité des députés de l'Assemblée populaire nationale (APN), qui débattaient le rapport sur l'évolution économique et monétaire du pays pour l'année 2014, ont affirmé l'importance d'opérer une réforme du système financier, de moderniser les établissements bancaires et de maîtriser de la dépréciation du dinar. La note de conjoncture économique et financière de l'Algérie pour 2014 et les neuf premiers mois de 2015 a été présentée mardi par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci devant l'APN. "L'incompatibilité du système bancaire actuel avec le développement technologique enregistré dans tous les domaines, coûte au trésor des pertes financières colossales, en raison des contraintes administratives et du retard accusé dans les transactions bancaires, de par le refus des Algériens détenteurs d'importants fonds de déposer leurs fonds auprès des banques", a estimé le député l'Alliance Algérie verte (AAV), Youcef Khebaya. Il a, dans ce sens, appelé à introduire des "réformes profondes" au système bancaire national et à revoir l'activité des banques étrangères en Algérie, dont le financement est consacré aux opérations commerciales basées sur l'importation. Kheira Bounaadja, députée du FLN a déploré "un manque de transparence dans les transactions bancaires, dû au fait que les banques nationales ne disposent pas d'un réseau informatique et d'une base de données unifiés les reliant aux services des douanes et aux services fiscaux". Elle a plaidé pour le développement des systèmes des banques pour leur permettre d'accompagner les institutions d'investissement et améliorer le climat d'investissement en Algérie, et partant contribuer à relance de l'économie nationale. La députée de l'AAV, Fatima El Zahra Bounar, a estimé que la modernisation des établissements financiers était désormais une "revendication nationale" pour attirer les capitaux circulant sur le marché parallèle qui pourraient constituer une "source de financement importante pour l'économie nationale". Elle a ajouté dans ce sens que la situation économique actuelle nécessitait la mobilisation de toutes les ressources financières et économiques pour faire face au recul des recettes du Trésor public en raison de la chute des prix du pétrole. Pour sa part, le député Abdenaceur Kayous du parti de la Justice et du développement (PJD) a mis l'accent sur l'importance de la modernisation des systèmes bancaires nationaux en vue de mieux maîtriser les opérations bancaires intérieures et extérieures, contrôler le mouvement des capitaux, mettre à nu les transactions suspectes et lutter contre le transfert illégal des devises. La député Saïda Ibrahim Bounab du parti du FLN a plaidé pour la mise en place de bureaux de change officiels pour absorber les fonds importants circulant sur le marché parallèle, limiter le recul de la valeur du dinars algérien et protéger le pouvoir d'achat du citoyen algérien qui est le premier à ressentir les effets négatifs de la situation économique. Le député Moussaoui du parti de l'AAV a appelé à la création de guichets bancaires islamiques pour attirer les fonds des citoyens et des pourvoyeurs de fonds qui refusent de traiter avec les banques à cause des intérêts. Le député représentant la communauté nationale à l'étranger, Noureddine Benmeddah, du parti du FLN, a mis l'accent sur l'importance de la réforme du secteur bancaire en vue de développer l'économie nationale. Il a par ailleurs déploré l'absence d'annexes relevant de banques nationales à l'étranger pour attirer les fonds de la communauté nationale à l'étranger qui se trouve dans l'obligation de recourir aux banques étrangères. A cela s'ajoute l'impossibilité pour les membres de la communauté nationale à l'étranger d'ouvrir des comptes en Algérie en raison du certificat de résidence qui défaut pour nombre d'entre eux, a-t-il ajouté. Le député indépendant Lamine Osmani, a estimé pour sa part que l'activation de la Bourse d'Algérie est désormais une "nécessité incontournable" dans ce contexte économique national, plaidant pour la mise en place de nouveaux mécanismes de financement pour alimenter les projets nationaux et privés ainsi que les investissements productifs en vue de d'améliorer les performances de l'économie nationale. Le député Khelifa Dhira du Front de la justice et du développement (FJD), a appelé à prendre de mesures urgentes afin de mettre un terme à la dépréciation de la monnaie nationale, maîtriser les prix, lutter contre l'inflation et réguler le marché national notamment les prix des produits de base contestant le fait que les prix sur le marché national ne soient pas en adéquation avec ceux des matières premières sur les marchés internationaux. Par ailleurs, le député Abderrahmane Dris du FLN a préconisé la mise en place d'un plan économique national d'urgence hors hydrocarbures fondé sur la relance de l'investissement par des capitaux nationaux en vue de faire émerger une industrie nationale à même de freiner les importations et faire élever la valeur du dinar insistant sur l'importance d'accorder un intérêt particulier aux PME et au secteur de l'agriculture. Les députés ont été unanimes à contester le retard "inadmissible et injustifié" accusé dans la publication du rapport annuel de 2014 estimant qu'il s'agissait d'un "document dépassé" car ne correspondant plus aux données économiques actuelles.