Le nouveau plan appelé "Lala Maghnia", lancé par la Gendarmerie nationale depuis le 25 janvier de l'année en cours, constitue un important dispositif de lutte contre la contrebande sur la bande frontalière ouest. Il consiste en un rempart de sécurité dissuasive face à ce phénomène qui nuit tellement à la santé du citoyen algérien et à l'économie du pays. S'appuyant sur une approche scientifique et des méthodes et tactiques opérationnelles de lutte contre le crime organisé transfrontalier, le plan "Lala Maghnia" se veut un apport "exemplaire" renforçant les opérations d'éradication des différentes formes de contrebande dont celle du cannabis et autres drogues provenant du Maroc comme les psychotropes "Ecstasy" et la cocaïne. "L'exécution de ce plan vient sur la base d'une étude de terrain élaborée par le 2ème groupement régional de la Gendarmerie nationale et dirigé par son commandant régional, le général Tahar Othmani", a souligné le commandant du groupement de Tlemcen, le lieutenant-colonel Mohamed Salah Rafada lors d'une visite guidée sur la bande frontalière au profit de la presse. "Cette étude a permis d'évaluer et de mettre à jour toutes les précédentes mesures opérationnelles destinées à la lutte contre la contrebande à travers la bande frontalière ouest, soit le tracé relevant des wilayas de Tlemcen et Naama, mais a permis aussi la recherche de certaines insuffisances afin de leurs trouver solution", a-t-il ajouté. Le même plan prévoit l'intensification de la présence des unités des garde-frontières et territoriales au niveau des points connus comme des passages favorisant l'activité de la contrebande et situés dans des zones caractérisées par leur complexité géographique, notamment les agglomérations, près de la bande frontalière, comptant 45 villages relevant territorialement des communes de Bab El Assa, Beni Bousaid et autres à Maghnia, ainsi que celles (situées) de l'autre côté sur le territoire marocain. Il a pour objectif également d'améliorer l'opération de déploiement sécuritaire conformément aux exigences de développement des mesures de lutte à travers le renforcement des unités des gardes-frontières composées de postes avancés et des patrouilles de surveillance frontalière par d'autres groupes d'interventions avec des campements installés dans des points, avérés comme "issues favorisantes" à la contrebande selon l'étude de la Gendarmerie nationale, a expliqué le lieutenant-colonel Rafada. Comme deuxième ceinture, le plan "Lala Maghnia" comprend également le déploiement des brigades et sections territoriales à travers tous les axes routiers menant aux wilayas limitrophes, tout en se concentrant sur l'intensification des patrouilles nocturnes et leur renforcement par des sections de sécurité et d'intervention (SSI) qui ratissent régulièrement les zones montagneuses empruntées par les contrebandiers et les narcotrafiquants pour éviter les barrages de contrôle sécuritaire sur le réseau routier. La modernisation de la coordination opérationnelle entre les unités de la Gendarmerie nationale est prévue dans le cadre du plan "Lala Maghnia". Il comprend également le développement de l'action du renseignement criminel, notamment par l'exploitation rapide des renseignements en prévision du démantèlement de réseaux de trafic de drogue et de contrebande, ainsi que l'amélioration des installations. Le trafic du carburant est révolu Le plan "Lala Maghnia" est venu compléter les dispositifs précédents de lutte contre la contrebande, notamment celle du carburant, qui a tant changé le quotidien de certaines zones frontalières. Comme conséquence des différentes mesures de resserrement de l'étau sur les contrebandiers, la saisie du carburant a enregistré une nette baisse durant les premiers trois mois de l'année en cours au niveau de la bande frontalière ouest, soit environ 136.000 litres saisis seulement contre 400.000 litres dans la même période de 2015. La plupart des saisies de cette matière énergétique, cette année, ont été opérées dans les trois premières semaines de janvier dernier, avant la rentrée en vigueur du plan en question, a-t-on observé. "La majorité des indices liés au trafic du carburant dans cette région ont complètement changé, ce qui s'est répercuté positivement sur le quotidien des citoyens de Tlemcen, qui s'approvisionnent du carburant dans de meilleures conditions contrairement à l'époque de la rareté de la marchandise et des files d'attente au niveau des stations-service affecté par la contrebande de cette matière subventionnée par l'Etat", a fait savoir le commandant du groupement de la Gendarmerie de Tlemcen. Se référant aux données du centre de distribution de Naftal à Remchi, le même responsable a indiqué que l'approvisionnement de la wilaya de Tlemcen en carburant a baissé de moitié, de 4.400 camions par mois il y a quelques mois à 2.250 actuellement, approvisionnant les 68 stations-service dont dispose la wilaya. L'approvisionnement en carburant s'effectue aujourd'hui une fois par semaine en moyenne. Auparavant, l'opération était quotidienne avec des pics à un intervalle de 5 heures entre deux opérations, a-t-on souligné. La régression importante du nombre de camions de transport du carburant a engendré d'autres impacts positifs dont la diminution du nombre d'accidents de la circulation au niveau du réseau routier de la wilaya de Tlemcen, qui a enregistré, durant le premier trimestre de cette année, une baisse considérable des accidents à environ 30% par apport à la même période de 2015. Une tournée à travers les villages frontaliers a fait constater la disparition des baudets qui constituaient le décor. Ces animaux étaient utilisés comme moyen approprié pour acheminer les marchandises destinées à la contrebande, comme l'ont confirmé à l'APS des citoyens locaux, faisant remarquer un retour à d'anciennes activités comme l'agriculture, notamment l'arboriculculture, connue historiquement dans ces régions frontalières, à l'image de Maghnia. Démolition de 38 hangars construits à des fins de contrebande Les services de la Gendarmerie nationale, en coordination avec les autorités administratives compétentes de la wilaya de Tlemcen, ont démoli 38 hangars édifiés illégalement sur des zones frontalières pour le stockage des marchandises comme le carburant et des produits alimentaires en prévision de leur introduction au Maroc. Des enquêtes menées par les gendarmes dans le cadre d'une étude de terrain précédant le lancement du plan suscité, ont permis de dévoiler les subterfuges des contrebandiers qui recouraient à la construction d'hangars tout prêt de la bande frontalière pour tromper la vigilance des gardes-frontières, en tant que relais pour l'acheminement des marchandises en un temps court et au moindre effort. En parallèle, une commission de wilaya est en phase d'étude de cas d'expropriation de maisons construites dans la bande frontalière pour les démolir conformément à la loi, selon le lieutenant-colonel Rafada. Dans le cadre de la même stratégie globale et complémentaire, les autorités locales ont retiré les autorisations de vente en gros de produits alimentaires dans les zones frontalières, incitant les bénéficiaires à changer d'activité partant du constat qu'une telle activité commerciale ne peut avoir lieu dans des zones à faible densité démographique. Des tranchées plus profondes tout au long de la bande frontalière Pour contrecarrer les plans des contrebandiers défiant les obstacles en installant sur les tranchées des passerelles en bois pour pouvoir traverser et autres moyens, le plan "Lala Maghnia" a prévu l'approfondissement de tranchées de quatre à sept mètres et leur extension de 5 à 9 mètres. Ces améliorations ont donné de bons résultats aggravant le risque des des contrebandiers, a affirmé le même responsable citant le cas d'un contrebandier qui s'est vu contraint d'appeler le numéro vert (1055) de la Gendarmerie pour le sauver et le faire sortir d'une tranchée où il est tombé en s'aventurant à la traverser.