Les regards de la communauté internationale sont braqués sur la ville libyenne de Tobrouk où le Parlement décide ce lundi d'accorder ou non sa confiance au gouvernement d'union nationale qui, une fois approuvé, devrait faire face aux multiples défis qui attendent la Libye, minée par près de cinq ans de violences. La séance du Parlement de Tobrouk (est), jugée cruciale pour l'avenir de la Libye, "sera retransmise en direct" à la télévision libyenne, selon le député Ali Tekbali. Elle se tiendra en présence notamment de l'émissaire de l'ONU pour la Libye Martin Kobler. Aux termes d'un accord conclu récemment entre le président du Parlement de Tobrouk, Aguila Saleh, et le vice-président, Mohamed Ali Choueb, le chef du gouvernement d'union libyen, Fayez al-Sarraj et ses adjoints doivent assister à la séance de lundi qui se déroulera sur la base d'"un vote sur chaque nom du gouvernement et non sur la totalité du cabinet", a-t-on précisé de même source. "Si 40 députés s'opposent à un ministre, il est écarté et si six ministres sont écartés, le gouvernement est censuré", avait expliqué le parlementaire Tekbali. Issu d'un accord politique signé fin 2015 sous l'égide de l'ONU. Le gouvernement d'union comprend 18 ministres. Ballet diplomatique intense à Tripoli En attendant le vote de confiance du Parlement de Tobrouk, le cabinet de Fayez al-Sarraj, continue à recevoir le soutien de plusieurs pays étrangers suite à son installation, le 30 mars, dans la capitale libyenne, mettant ainsi fin à l'isolement qui était imposé par la communauté internationale depuis l'été 2014, lorsque le pays s'est retrouvé avec deux "gouvernements" rivaux. Après la visite au cours de ces derniers jours en Libye des ministres des Affaires étrangères de France, d'Allemagne et d'Italie, c'est le tour de leur homologue britannique Philip Hammond, arrivé aujourd'hui (lundi) à Tripoli où il a déjà rencontré Fayez al-Sarraj. "Philip Hammond est à Tripoli, il rencontre le Premier ministre (Fayez al-Sarraj) et tiendra une conférence de presse après ses entretiens", a déclaré un porte-parole du gouvernement de consensus libyen. Pour sa part, la Haute représentante de l'Union européenne (UE) Federica Mogherini a assuré lundi à Luxembourg, que l'Union "travaille" à des "projets concrets" pour appuyer le gouvernement d'union nationale. Une vidéoconférence avec M. Sarraj est prévue dans la soirée, suivie d'un dîner pour "travailler à identifier des projets (de soutien) concrets dans des domaines différents qui sont les priorités du peuple et du gouvernement libyens, que ce soit sur le plan économique, politique ou sécuritaire", a expliqué Mme Mogherini, peu avant une réunion à Luxembourg des ministres de la Défense et des Affaires étrangères des 28 pays de l'UE pour faire le point sur les récentes visites de responsables européens à Tripoli. Par ailleurs, Martin Kobler a annoncé dimanche le retour de la mission de l'ONU dans ce pays qu'elle avait quitté à l'été 2014. "Le personnel de l'ONU sera à Tripoli cinq jours par semaine", a-t-il précisé. Vers la restitution de trois premiers ministères Autre développement majeur dans le dossier libyen, la restitution ce lundi au Conseil présidentiel du gouvernement d'union du siège de trois ministères parmi neuf qui sont prêts à recevoir les nouvelles autorités exécutives. La prise des ministères des Affaires sociales, de la Jeunesse et des Sports ainsi que de l'Habitat et des Travaux publics aura lieu lundi, "indépendamment du résultat du vote de confiance du Parlement sur le gouvernement d'union prévu le même jour", a-t-on précisé de source officielle. Il s'agit d'un nouveau pas pour le cabinet de Fayez al-Sarraj, pour asseoir son autorité dans ce pays, en vue de s'attaquer aux nombreux problèmes qui affectent les Libyens, ébranlés par un conflit meurtrier déclenché au lendemain de la chute du régime de Maamar El-Gueddafi fin 2011. "La Libye est confrontée à plusieurs défis actuellement et les défis les plus importants sont l'expansion du groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) et la situation sécuritaire", a estimé dimanche M. Kobler lors d'une conférence de presse conjointe avec Ahmed Maiteeq, vice-Premier ministre libyen du gouvernement soutenu par l'ONU. Et d'ajouter: "le problème du terrorisme est endémique, la situation humanitaire est catastrophique, les hôpitaux ont besoin de médicaments, les gens ont besoin de nourriture. Seul le gouvernement d'union nationale peut faire avancer ce processus".