Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a exhorté vendredi le chef rebelle sud-soudanais Riek Machar de rentrer "sans délai" à Juba, où il est attendu pour reprendre son poste de vice-président et travailler à un gouvernement de transition. M. Ban a également réclamé que Riek Machar se rende dans la capitale du pays "sans davantage de conditions, qui pourraient compromettre le fragile processus de paix et prolonger la souffrance du peuple sud-soudanais". M. Machar se trouvait ces derniers jours dans sa base de Pagak, à la frontière avec l'Ethiopie. Les difficultés du gouvernement sud-soudanais et de l'opposition à s'accorder sur les conditions du retour de M. Machar, repoussé chaque jour depuis le début de la semaine, illustrent la défiance profonde qui les oppose. L'ONU comme les grandes puissances s'inquiètent que, dans un pays où la guerre civile débutée en décembre 2013 a fait des dizaines de milliers de morts (le bilan exact est inconnu) et plus de 2,3 millions de déplacés, ces atermoiements puisse faire voler en éclat le processus de paix. "Maintenir un esprit de coopération sera crucial au moment où les leaders du pays commencent le travail pour réparer les dégâts que des années de ce conflit ont causé pour le peuple du Soudan du Sud", a ajouté le secrétaire général de l'ONU dans un communiqué. L'accord de paix signé le 26 août 2015 prévoit un cessez-le-feu et un mécanisme de partage du pouvoir. Le retour de M. Machar, qui doit prendre à Juba ses fonctions de vice-président, était d'abord prévu lundi. Il a ensuite achoppé sur la quantité d'armements que sa garde rapprochée devait emporter dans la capitale. Malgré un accord trouvé vendredi, le gouvernement du président Salva Kiir a indiqué qu'il vérifierait que les clauses de l'accord sont respectées, ce qui pourrait bien entraîner encore du retard. La futilité des discussions au regard de l'importance des enjeux a suscité l'incompréhension et la colère des diplomates étrangers. Dans un communiqué commun diffusé par le département d'Etat à Washington, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Norvège se sont déclarés "très déçus" de l'ajournement du retour de M. Machar. Ils l'ont montré du doigt et ont "félicité" au contraire le gouvernement sud-soudanais pour sa "flexibilité maximale". Le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis juillet 2011 après des décennies de conflit avec Khartoum, a sombré dans la guerre civile lorsque Salva Kiir a accusé Riek Machar de fomenter un coup d'Etat.