L'Union africaine (UA) a dénoncé la signature par le Maroc d'accords avec d'autres Etats en incluant le territoire occupé du Sahara Occidental, appelant "tous les Etats concernés" à s'"abstenir de conclure tout accord qui serait contraire à la souveraineté permanente du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles". Malgré les vaines tentatives de Rabat d'empêcher l'UA de s'exprimer sur le dossier sahraoui, l'organisation panafricaine a fait entendre sa voix par le biais de son envoyé spécial pour le Sahara occidental, Joaquim Chissano à New York, qui a transmis mardi aux membres du Conseil de sécurité une lettre de l'organisation panafricaine à l'ONU sur la situation dans le territoire occupé. Dans cette lettre, l'UA dénonce "la signature par le Maroc d'accords avec d'autres Etats en incluant le territoire du Sahara occidental occupé", bien que le conflit n'ait pas été encore résolu, et appelle le Conseil de sécurité à "condamner" l'exploitation illégale par l'occupant marocain des ressources naturelles du territoire sahraoui. L'organisation panafricaine a, d'ailleurs, félicité la Cour de justice de l''Union européenne pour sa décision, rendue le 10 décembre 2015, annulant l'accord de commerce des produits agricoles et de la pêche conclu en mars 2012 entre Rabat et l'UE. Elle appelle dans sa lettre, "tous les Etats concernés" à respecter la décision de la Cour de justice de l'UE et à "s'abstenir de conclure tout accord qui serait contraire à la souveraineté permanente du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles". L'Afrique doit jouer un "rôle essentiel" dans le conflit sahraoui Par ailleurs, l'Union africaine a exprimé son refus que l'Afrique soit exclue du dossier sahraoui. "L'Afrique a une responsabilité morale et politique pour trouver une solution aux conflits sur le continent", écrit l'UA dans la lettre transmise au Conseil de sécurité par Joaquim Chissano. "Alors que le conflit est en Afrique et implique des Africains, notre continent doit jouer un rôle essentiel dans ces efforts comme cela a été le cas dans tous les autres conflits dans le continent", relève l'UA qui clame son droit à "jouer un rôle dans la conduite des efforts visant à trouver une solution au conflit du Sahara occidental". L'organisation panafricaine estime, en outre, que la communauté internationale "doit donner au peuple sahraoui la possibilité de choisir librement son destin", car, rappelle l'UA, la solution au conflit "consiste en la tenue d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui". Quant au mandat de Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) qui expire le 30 avril en cours, l'UA a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à le "renouveler" et à "étendre cette mission à la surveillance des droits de l'Homme". L'UA a saisi ainsi l'occasion pour déplorer la décision du Maroc d'expulser 84 fonctionnaires internationaux de la Minurso y voyant "un manque de respect" à l'ONU, au secrétaire général onusien Ban Ki-moon ainsi qu'au Conseil de sécurité des Nations unies. Cette décision, ajoute la même source "constitue un précédent très dangereux et sape le mandat du Conseil de sécurité de l'ONU dans le maintien de la paix et la sécurité internationales", affirme l'UA. La Minurso a été créée en vertu de la résolution 690 du Conseil de sécurité de l'ONU de 1991 pour surveiller le cessez-le feu et organiser un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.