A un mois de la réunion du Conseil de sécurité sur la Sahara occidental, la Commission africaine a rendu public un rapport sur «l'évolution du processus de paix au Sahara occidental», qui traduit la volonté de l'Union africaine (UA) de sortir le conflit de l'impasse dans laquelle il s'est englué. A la demande des chefs d'Etat africains, en janvier 2013, l'instance présidée par la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma a exprimé «une frustration face à l'absence de progrès dans la recherche d'une solution au conflit et une préoccupation face à la situation des droits de l'homme et à l'exploitation illégale des ressources naturelles» du territoire sahraoui. Suite à ce rapport, le Conseil pour la paix et la sécurité de l'Union africaine a pris une série de décisions lui permettant de reprendre l'initiative sur le dossier sahraoui et interpelle le Conseil de sécurité de l'ONU sur l'urgence d'un règlement définitif du conflit. «La décision de prendre toutes les mesures nécessaires à l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental intervient dans un contexte marqué par une impasse persistante dans le processus de paix, malgré les nombreuses résolutions adoptées aussi bien par l'Assemblée générale que par le Conseil de sécurité», souligne Dlamini Zuma dans son rapport dont El Watan détient une copie. Appuyant les efforts de l'envoyé personnel du SG de l'ONU, la Commission africaine rappelle toutes les difficultés auxquelles le diplomate américain a fait face. «L'envoyé personnel envisageait d'avoir des entretiens bilatéraux avec les parties et les Etats voisins, avec la possibilité de convoquer des entretiens directs une fois que des progrès suffisants auront été accomplis. Toutefois, il n'a pas été en mesure de procéder comme prévu. Alors que le Front Polisario et les Etats voisins (l'Algérie et la Mauritanie) étaient prêts à le recevoir, le Maroc n'était pas disposé à le faire», relève le rapport. Faisant un rappel historique du conflit sahraoui depuis la fin de l'occupation espagnole jusqu'à aux récentes négociations, la présidente de la Commission africaine rappelle avec force la mission pour laquelle la Minurso a été instituée. Elle a été créée «par la résolution 690 (1991) avec un mandat de la mise en œuvre des dispositions du plan de règlement, elle a mené à bien l'identification des électeurs sahraouis devant participer au référendum d'autodétermination envisagé. Après l'impasse provoqué par des problèmes rencontrés dans le processus de recours, la tâche principale de la Mission onusienne consiste depuis à observer et à suivre l'accord de cessez-le-feu (…)», regrette l'instance africaine. Pour beaucoup d'observateurs, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité via la Minurso ont «écarté le rôle de l'Afrique dans le processus de règlement du conflit sahraoui alors le continent fait partie avec l'ONU des garants dans le processus de paix». La récente initiative diplomatique de la Commission africaine traduite par une série de décisions prises par le Conseil de paix et de sécurité marque l'engagement du l'Union africaine de manière évidente dans la résolution du conflit sahraoui. Il faut rappeler que la nomination en juin dernier de l'ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, comme envoyé spécial pour le Sahara occidental était le premier pas de l'organisation panafricaine et son implication directe dans le conflit. En effet, si d'un point de vue diplomatique la démarche de l'Union africaine constitue une avancée pouvant faire bouger les lignes, néanmoins sa capacité à infléchir la position bloquante du Conseil de sécurité reste limitée. Le rendez-vous du 30 avril, date à laquelle le mandat de la Minurso sera probablement renouvelé, aura valeur de test pour la Commission africaine, qui réclame «de donner un mandat en matière de droits de l'homme à la mission onusienne». La voix de l'Afrique sera-t-elle entendue au sein du Conseil de sécurité ? Jusqu'à présent le club très fermé des membres permanents bloque toute possibilité de s'engager sérieusement sur la voie d'une solution conformément aux résolutions onusiennes. Le peuple sahraoui n'en peut plus d'une situation de «ni guerre, ni paix». Visiblement le Conseil de sécurité s'accommode complaisamment d'un conflit considéré de basse intensité.