Le ministre de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche, Sid Ahmed Ferroukhi, a avisé, mardi à Alger, qu'il allait prendre les mesures nécessaires à l'encontre des laiteries qui recourent à l'utilisation de la poudre de lait au détriment du lait cru local. "Concernant la filière lait, j'ai donné des instructions pour arrêter l'approvisionnement en poudre de lait des laiteries qui n'achètent pas le lait cru auprès des éleveurs", a averti le ministre lors de la 2ème session du Conseil national de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA). Chaque début du printemps, une période durant laquelle le bovin laitier connaît une forte lactation, plusieurs éleveurs se retrouvent avec des quantités importantes invendues de lait, explique-t-on. Durant cette période, les laiteries refusent de prendre la totalité du lait produit par les éleveurs avec lesquels elles sont conventionnées, et ce, du fait de l'insuffisance de leurs capacités de transformation et de stockage alors qu'elles ont bénéficié d'un quota mensuel de la poudre de lait. Pour produire du lait pasteurisé conditionné et vendu aux prix administré de 25 DA/litre, les laiteries perçoivent un quota mensuel de poudre de lait importée cédée par l'Etat à un prix soutenu. Exceptées celles qui se trouvent dans certaines wilayas du sud du pays, la majorité de ces usines sont tenues d'intégrer le lait cru produit localement. Le ministre a rappelé les mesures et les décisions prises par le gouvernement, au début de l'année en cours, pour relancer la filière lait dans l'objectif de développer la production nationale et de réduire les importations de la poudre de lait d'au moins 50% d'ici 2019. Parmi ces mesures, prises suite à de nombreuses réunions de concertation et de dialogue avec les acteurs de la filière, l'Etat a décidé notamment d'augmenter la subvention du litre de lait cru accordée aux éleveurs et de soutenir l'investissement dans les cultures fourragères. Les mesures prises pour relancer cette filière coûteront à l'Etat environ 200 milliards DA durant le quinquennat 2015-2019. "Nous devrons être rigoureux dans la mise en œuvre de ces décisions", a insisté le ministre, en soulignant que l'ensemble des mesures prises sont en cours d'application. Par ailleurs, le ministre a révélé que son secteur comptait introduire, dans la prochaine loi de Finances complémentaire, un article permettant la prolongation du délai accordé aux agriculteurs pour adhérer au système de la sécurité sociale et de retraite. La loi de finances complémentaire 2015 avait accordé aux agriculteurs un délai jusqu'au 31 mars 2016 pour acheter leurs années de travail et les introduire dans la retraite, et pour commencer à cotiser au système de retraite à partir de 2016. Le nombre d'agriculteurs qui cotisent a atteint 160.000, alors que l'objectif est d'atteindre 300.000 d'ici 2017, selon M. Ferroukhi. Le ministre a aussi souligné l'importance de continuer le processus de développement du secteur agricole et rural et a appelé les organisations professionnelles et les associations à aider les pouvoirs publics à protéger les terres agricoles en les exploitants. De son côté, le secrétaire général de l'UNPA, Mohamed Alioui, a souligné que la question de la protection du foncier agricole fait partie des préoccupations de cette organisation, et a salué l'engagement de l'Etat, à travers la Constitution amendée, à protéger ce patrimoine pour les générations futures. "Notre objectif est de réaliser la sécurité alimentaire du pays, défendre les terres agricoles et élargir la superficie irriguée (...) et donner la priorité à l'intérêt national", a-t-il soutenu. Par ailleurs, il a salué la création de la fédération des producteurs de pomme de terre affiliée à l'organisation pour défendre la filière et résoudre les problématiques liées à l'export.