Les violations des droits de l'homme au Maroc et au Sahara occidental occupé demeurent fréquentes, ont regretté jeudi à Bruxelles des défenseurs des droits humains qui ont déploré la persistance des arrestations arbitraires, les mauvais traitements, les tortures et la condamnation de militants, notamment sahraouis à de lourdes peines à l'issue de procès inéquitables. S'exprimant lors d'un débat sur les ‘‘Violations des droits de l'homme au Maroc : regard marocain, regard sahraoui'‘ organisé à l'Université libre de Bruxelles (ULB) à l'occasion de la semaine d'hommage aux prisonniers politiques sahraouis, le représentant de la Commission des familles des prisonniers de Gdeim Izik, Ali Roubiou, a dénoncé les traitements ‘‘cruels, inhumains, dégradants et portant atteinte à la dignité'‘ réservés aux prisonniers politiques sahraouis, notamment ceux du groupe de Gdiem Izik. Le 8 novembre 2010, les forces marocaines de sécurité ont démantelé le camp de protestation installé par des Sahraouis un mois auparavant à Gdeim Izik pour revendiquer les droits économiques, sociaux et politiques des populations sahraouies, procédant à l'arrestation de centaines de protestataires. Défiant toutes les dispositions des normes internationales relatives aux droits humains, les autorités marocaines ont déféré 25 d'entre eux devant un tribunal militaire qui les a condamnés à de lourdes peines, allant de 20 ans d'emprisonnement à la réclusion à perpétuité. Parmi eux figurent, Naâma Asfari, Ahmed Sbaï et Mohamed Tahlil, tous membres d'organisations sahraouies de défense des droits humains qui oeuvrent pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Selon Ali Roubiou, les autorités marocaines n'ont présenté aucun témoin ni aucune preuve matérielle permettant d'appuyer les accusations (homicides pour la plupart) portées à l'encontre des personnes condamnées. ‘‘Ils ont présenté devant la cour des armes que la police a prétendument saisies dans le camp sans fournir la moindre preuve confirmant le lien entre ces armes et les accusés, mais aussi des aveux obtenus sous la torture'‘, a-t-il précisé, rappelant que les Sahraouis condamnés avaient été torturés et contraints à signer de fausses déclarations les incriminant. Il en veut pour preuve le cas du défenseur des droits de l'homme, Naâma Asfari, condamné à 30 ans de prison en tant qu'organisateur des affrontements dans le camp, alors même qu'il avait été arrêté la veille de son démantèlement. ‘‘Torturé, battu et humilié pendant sa garde à vue en 2010, il avait signé des aveux sous la torture que le tribunal militaire a utilisé par la suite pour justifier la lourde peine qui lui a été infligée'‘, a-t-il ajouté. Venue témoigner de la situation des droits de l'homme au Maroc, la députée Ecolo au Parlement bruxellois, Zoé Genot, a mis en avant le cas du belgo marocain Ali Aarras, extradé en 2010 par l'Espagne vers le Maroc où il a été condamné en 2012 à douze années de prison. Citant un rapport d'experts de l'ONU, cette députée bruxelloise a confirmé qu'Ali Aarras a été torturé par les autorités marocaines en vue de lui extorquer des aveux de complicités terroristes, allant jusqu'à affirmer que ‘‘la justice marocaine ne fonctionne pas'‘ ce qui rend l'obtention d'un procès équitable pour lui ‘‘impossible'‘. Elle a dénoncé, à ce titre, ‘‘la passibilité de l'Etat belge'‘ qui n'a pas assisté ce ressortissant belge comme le prévoit la loi pour ‘‘ne pas compromettre ses bonnes relations, notamment économiques, avec le Maroc'‘. La sœur d'Ali Aarras, Farida, présente à ce débat a conclu en affirmant que ‘‘le Maroc est loin d'être un Etat de droit comme on veut le faire croire'‘.