La coopération décentralisée entre l'Algérie et la France s'est "progressivement intensifiée" donnant lieu à des "projets catalyseurs" caractérisés par une approche de partenariat et d'intérêt partagé, a indiqué mercredi à Alger le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui. "C'est ainsi qu'après les débuts timides où ces échanges se limitaient aux stricts rapports symboliques de jumelages marqués par des relations interpersonnelles, la coopération décentralisée s'est progressivement intensifiée induisant des projets catalyseurs caractérisés par une approche de partenariat et d'intérêt partagé", a souligné M. Bedoui lors des travaux des 3èmes rencontres algéro-françaises des maires et responsables des collectivités territoriales. "Depuis plus de 30 ans, les accords de coopération décentralisée entre les collectivités des deux pays s'étaient multipliés passant de 7 accords en 1989 à 13 en 1999", a-t-il rappelé. Il a relevé que "plus de 50 conventions de coopération décentralisée et de jumelage ont été conclues entre les collectivités territoriales algériennes et françaises, tous échelons institutionnels confondus, sur des thématiques très variées comme la gestion urbaine, la protection de l'environnement, la gouvernance locale, les échanges culturels et la jeunesse". Le ministre a cité "à titre non exhaustif" les coopérations entre la wilaya d'Annaba et la communauté urbaine de Dunkerque, la wilaya de Sétif et la métropole de Lyon, la wilaya d'Adrar et le conseil général de la Gironde, la wilaya d'Alger et la mairie de Paris, la commune d'Oran et la mairie de Bordeaux. Il a ajouté que de nouvelles relations se tissaient chaque année, faisant de cette coopération "une relation à la fois ancrée dans l'histoire et profondément contemporaine, d'où la nécessité de rentabiliser davantage les relations de coopération et d'en titrer le maximum de profit, réaliser des projets concrets de développement et améliorer le cadre de vie de la population". M. Bedoui a rappelé que "les acteurs étatiques algériens et français avaient de longue date soutenu le développement de la coopération décentralisée", ajoutant que ce soutien s'était traduit par l'adoption des loi 11-10 du 22 juin 2011et 12-07 du 21 février 2012 relatives respectivement à la commune et à la wilaya, précisant que ces deux textes "ont consacré, pour la première fois, le concept de la coopération décentralisée". "Les textes d'application sont en cours d'élaboration afin d'assurer un meilleur accompagnement des collectivités territoriales algériennes dans leurs projets de coopération décentralisée", a-t-il assuré. Pour le ministre, ce soutien est conforté en particulier par le document cadre de partenariat (DCP), signé entre les deux parties en 2007 afin de faciliter les contacts et la mise en œuvre de projets de coopération et de jumelage entre les collectivités territoriales des deux pays, relevant que cet engagement a été renouvelé pour la période 2013-2017. Il a observé que cet intérêt particulier accordé à ce type de coopération découlait du fait que la collectivité territoriale était un acteur "pivot" dans le processus de développement, mais qui reste à "professionnaliser" dans le cadre de la coopération décentralisée. "Tout le monde concède pour dire que les compétences dévolues aux collectivités territoriales dans le domaine des relations internationales restent très limitées et en deçà de celles des acteurs étatiques", a-t-il dit, précisant que la coopération décentralisée "n'est pas une coopération classique et se distingue par rapport aux coopérations bilatérales ou multilatérales par sa vocation territoriale induisant une plus grande proximité avec la population". Cette coopération "peut également devenir un vecteur de citoyenneté locale et de démocratie participative, en redynamisant le tissu social et associatif local et en ouvrant des espaces de concertation entre élus, administrations et citoyens", a relevé le ministre, plaidant pour la promotion de l'implication et la participation des citoyens non seulement dans la gestion des affaires locales, mais aussi dans la coopération internationale". M. Bedoui a rappelé, dans ce sillage, que l'Algérie avait engagé des réformes politiques "profondes" en vue de "consolider" la démocratie participative à travers la mise en place d'un cadre juridique qui "consacre la participation réelle du citoyen à la gestion des affaires du pays et contribue à la mobilisation de tous les acteurs de la société, notamment les jeunes en faveur du développement à tous les niveaux". "Il s'agit aussi d'inscrire les collectivités locales au coeur des nouveaux mécanismes de territorialisation des politiques étatiques, se traduisant par leur implication dans le développement économique local au coté du secteur privé, organismes de formation et de recherche", a-t-il expliqué. M. Bedoui a soutenu que la coopération décentralisée algéro-française devait "construire un cadre pérenne et durable de discussion, de partage de savoir-faire et d'expériences pour relever les défis auxquels sont confrontées nos collectivités". "Nous sommes convaincus de la valeur ajoutée que pourrait apporter cette forme de coopération, de ce qu'elle peut apporter à nos collectivités et à nos territoires dans l'esprit du respect mutuel de la souveraineté de chacun", a-t-il affirmé.