Le gouvernement libyen d'union nationale reprend peu à peu, mais surement, le contrôle de la situation politique et sécuritaire en Libye, à la lumière des avancées réalisées à Syrte (est), au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies prévoit la tenue lundi d'une réunion sur la situation dans ce pays. La reprise au groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) du contrôle d'une importante base aérienne près de Syrte et le ralliement au gouvernement d'union de deux importants groupes armés de l'est, constituent un argument de poids pour l'exécutif libyen qui veut convaincre la communauté internationale de l'importance de faire éviter à la Libye une nouvelle intervention militaire, une éventualité que le Premier ministre, Fayez el-Sarraj, vient tout juste d'écarter. Pour essayer de déceler l'évolution de la situation en Libye, le Conseil de sécurité a convoqué pour lundi une réunion, au cours de laquelle le Secrétaire général de l'organisation, Ban Ki-moon, présentera son rapport sur la Mission d'appui des Nations-unies en Libye (MANUL). Sera notamment abordée la question des sanctions imposées à la Libye depuis 2011 (embargo sur les armes), précise l'ONU. Le chef de l'ONU présentera à l'occasion, son rapport sur la MANUL, qui portera entre autres sur l'évolution de la situation politique et des conditions de sécurité, la mise en œuvre de l'Accord politique libyen, la mobilisation aux niveaux régional et international, la situation dans l'ouest, l'est et le sud du pays, la présence du groupe terroriste Daech et la rédaction de la Constitution. Il sera question aussi d'autres activités de la MANUL, tels que l'appui électoral, la question des droits de l'homme, justice transitionnelle et état de droit, appui au plan libyen concernant les dispositions de sécurité transitoires et la coordination de l'aide internationale, selon l'ONU. De nouveaux pas franchis Les forces du gouvernement libyen d'union nationale ont annoncé samedi avoir repris à Daech une importante base aérienne près de Syrte, située à 450 kilomètres à l'est de Tripoli. Il s'agit de la base aérienne al-Gordabiya" située à 70 km au sud de Syrte. En outre, les forces du gouvernement d'union ont annoncé la "libération des mains de Daech" de la localité d'Abou Hadi, à 15 km au sud-est de Syrte. Mercredi encore, ces forces avaient pris le contrôle de la centrale thermique de Syrte située à environ 23 km du centre-ville, selon des sources militaires. Les forces armées du gouvernement d'union et celles d'une autorité rivale basée dans l'est du pays sont actuellement engagées dans une course pour être les premières à chasser l'EI de Syrte. Arrivées le 30 mars dernier par la mer à Tripoli, les nouvelles autorités libyennes tentent d'unifier la Libye et d'exercer leur contrôle sur l'ensemble du pays. Mais elles se heurtent à l'opposition d'une autorité concurrente basée dans l'est qui dispose de ses propres forces armées --des milices et quelques unités de l'armée nationale libyenne-- commandées par le général controversé Khalifa Haftar. Or, deux importants groupes jusque là loyaux au général Haftar ont décidé de rallier le nouvel exécutif, issu d'un accord politique parainé par l'ONU. Il s'agit de la Force des missions spéciales dans la lutte antiterroriste et d'une brigade des Renseignements militaires. Mardi dernier, l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, avait appelé toutes les forces armées libyennes, celles du gouvernement reconnu par la communauté internationale et celles de l'est du pays, à "s'unir" pour vaincre militairement les terroristes de Daech qui sont implantés dans la ville côtière de Syrte. Une intervention militaire écartée Le Premier ministre du gouvernement d'union nationale libyen, Fayez el-Sarraj, a écarté une intervention militaire internationale pour lutter contre le groupe terroriste Daech. "C'est vrai que nous avons besoin d'aide de la communauté internationale dans notre guerre contre le terrorisme et il est vrai que nous en avons déjà reçue. Mais nous ne parlons pas d'intervention internationale", déclare-t-il. L'intervention de troupes au sol est "contraire à nos principes. C'est pourquoi, nous souhaitons l'éviter", explique M. Sarraj dont le gouvernement est reconnu par la communauté internationale et a reçu le soutien des anciennes autorités qui contrôlaient la capitale Tripoli et de milices armées dans l'ouest du pays. "Nous avons besoin en revanche d'images satellites, de renseignements, d'aides techniques... Pas de bombardements", ajoute-t-il. Pour reconstruire le pays, "notre démarche repose sur trois piliers: l'économie, la sécurité et l'Accord national, qui prévoit l'unité et la réconciliation du pays", affirme-t-il au Journal de Dimanche français. Pour le Premier ministre, la "victoire totale sur l'EI à Syrte est proche". "Nous pourrons ainsi prendre le contrôle de toutes ces zones qu'il a investies. Nous espérons aussi que cette guerre contre le terrorisme puisse unir la Libye. Mais elle sera longue. Et la communauté internationale le sait", avertit-il. C'est en effet cette même communauté qui décidera de la suite à donner à la question de l'embargo sur les armes imposé à la Libye depuis 5 ans. Le Conseil de sécurité de l'ONU qui abordera lundi la question, a réclamé au gouvernement de "garantir que les armes ne tomberont pas entre de mauvaises mains si l'embargo sur les ventes d'armes est assoupli" dans le pays.