Les Français n'oublieront pas le 14 juillet 2016, journée de fête nationale, endeuillés par un carnage jeudi soir à Nice (sud) tuant au moins 84 personnes quelques heures après la réaffirmation du président François Hollande que la France allait "mieux". Quatre jours après la fin sans incident de l'Euro 2016 et douze jours avant la levée de l'état d'urgence, la France est frappée encore une fois à Nice, ville balnéaire en pleine saison estivale, par un attentat meurtrier au moment où les autorités ne cessaient de répéter que la menace terroriste est toujours là. Alors qu'à Paris, elles ont prévu toutes les dispositions sécuritaires pour le déroulement du défilé du 14 juillet et la cérémonie des feux d'artifice dans la soirée, avec la mobilisation de 3000 policiers supplémentaires, la Promenade des Anglais de Nice a été surprise jeudi soir par un homme au volant d'un camion qui a fondu sur la foule, composée notamment de nombreuses familles, pour commettre un carnage. D'après les autorités locales, le camionneur assassin, un Français d'origine tunisienne de 31 ans, connu pour des faits de droit commun, a été abattu par la police avant d'avoir fait feu plusieurs fois. Selon une source proche des enquêteurs, citée par les médias, une grenade "inopérante" et des "armes longues factices" ont été retrouvées à bord du camion de 19 tonnes. Aucune revendication de ce carnage n'a été faite pour l'instant. Le dernier bilan publié vendredi matin faisait état de 84 morts et plus d'une soixantaine de blessés, dont 18 se trouvaient dans une "urgence absolue". En pleine période de congés et de fête, l'attaque meurtrière plonge les Français dans une ambiance très lourde et leur inquiétude était visible vendredi matin dans les transports en commun. Elle confirme que les alertes des autorités sécuritaires du pays avertissant que la menace est toujours très élevée en France, en raison de son intervention en Syrie pour éliminer les membres du groupe terroriste autoproclamée "Etat islamique" (Daech/EI). Vendredi très tôt, le président français a affirmé que "cette attaque, dont le caractère terroriste ne peut être nié, est encore une fois d'une violence absolue", promettant de " tout faire" pour pouvoir "lutter contre le fléau du terrorisme". A cet effet, François Hollande a annoncé plusieurs mesures, pour rehausser encore le niveau de protection, dont le maintien à un "haut niveau" l'opération Sentinelle, qui permet de mobiliser 10.000 militaires en plus des gendarmes et policiers, l'appel à la réserve opérationnelle, tous ceux qui à un moment ont été sous les drapeaux ou dans les effectifs de la gendarmerie, pour venir soulager les effectifs de policiers et de gendarmes, et un projet de loi, d'ici à la semaine prochaine, pour prolonger la durée de l'état d'urgence. L'attentat de Nice a suscité une vague de réactions indignées dans le monde, le président américain Barack Obama assurant la France, "notre plus vieil allié", de sa "solidarité". Le cabinet de la nouvelle Première ministre britannique Theresa May s'est dit "très choqué et inquiet" et les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont condamné une "attaque terroriste barbare et lâche". La Grande Mosquée de Paris et le Conseil français du culte musulman (CFCM) ont aussi condamné avec "la plus grande vigueur" l'attentat. Sur le plan législatif, la France s'est dotée en juin dernier d'une loi contre le terrorisme France-terrorisme-lutte-loi La France se dote d'une loi pour lutter contre le terrorisme qui améliore l'efficacité de la procédure pénale dans la lutte contre ce fléau. Au cours de son audition, le 10 mai dernier, par la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée française, le premier responsable de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Patrick Calvar, avait indiqué que la France reste le pays "le plus menacé" par les groupes terroristes appartenant à Daech et al-Qaïda. Il avait averti que Daech "planifie de nouvelles attaques, en utilisant des combattants sur zone, en empruntant les routes qui facilitent l'accès à notre territoire, et que la France est clairement visée".