L'organisation des droits de l'homme, Amnesty International (AI), a déclaré lundi que l'initiative du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, pour un pacte mondial sur les réfugiés, ne doit pas échouer à cause de ‘‘petits intérêts nationaux'‘. L'ONG a rappelé, dans un communiqué, que des négociations sont en cours aux Nations unies pour l'adoption d'ici 2018 d'un pacte mondial sur les réfugiés, soutenant que l'initiative ne doit pas être ‘‘capotée'‘ à une semaine de sa concrétisation. Amnesty estime que ‘‘l'adoption d'un texte fort serait une source d'espoir pour les 20 millions de réfugiés dans le monde'‘, et que les Etats ‘‘risquent de subir un échec mémorable s'ils sacrifient les droits des réfugiés pour leurs propres intérêts nationaux'‘. Les Etats membres des Nations unies doivent conclure fin juillet en cours un pacte mondial sur les réfugiés, dans l'objectif de résoudre la crise actuelle et de faire face à des situations d'urgence similaires à l'avenir, est-il souligné. Pour AI, les prochains jours ‘‘constituent la dernière chance pour les Etats de revoir leur position avant que soit arrêté définitivement un document final pour adoption lors de la réunion de haut niveau des Nations unies en septembre'‘. L'organisation a encore exprimé ses appréhensions face, à ce qu'elle a qualifié d'‘‘incertitudes'‘, relevant que des millions de réfugiés dans le monde ont besoin d'aide de toute urgence, 86% d'entre eux se trouvent dans des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, dont les capacités d'accueil sont souvent insuffisantes. Le secrétaire général d'Amnesty International, Salil Shetty, a souligné que les pays les plus riches sont ceux qui ‘‘accueillent le nombre le plus faible de réfugiés et qui fournissent le moins d'efforts'‘, estimant que cette situation est ‘‘foncièrement inéquitable'‘, rapporte le communiqué. Exprimant ses craintes quant à l'échec du pacte, il s'est indigné de voir ‘‘certains Etats sacrifier les droits des réfugiés pour des intérêts nationaux égoïstes'‘. ‘‘Il n'est pas trop tard pour réagir. Amnesty International, soutenue par ses millions de sympathisants dans le monde, fera savoir aux dirigeants qu'elle n'acceptera pas l'échec'‘, a-t-il dit. Il est rappelé que depuis novembre 2015, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon appelle à convenir d'une nouvelle approche concernant la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants. En mai 2016, il a présenté à l'Assemblée générale un rapport où il a formulé plusieurs propositions, dont l'adoption de pactes sur les réfugiés et les migrants, internationalement reconnus. Un document final va être arrêté définitivement dans le courant de la semaine du 25 juillet, avant son adoption le 19 septembre, lors de la première réunion de haut niveau de l'Assemblée générale de l'ONU sur la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, qualifiée d''‘occasion historique de parvenir à un modèle qui garantisse une meilleure réponse internationale'‘, note AI. L'ONG relève également que l'un des principaux points du nouvel accord est le partage au plan mondial des responsabilités, et que tous les Etats devraient ‘‘reconnaître qu'ils sont tous tenus juridiquement de concrétiser les droits humains des personnes contraintes à l'exil pour échapper à la guerre ou aux persécutions'‘. ‘‘Au lieu de se partager les responsabilités, de nombreux Etats continuent de privilégier leur transfert, cédant ainsi à une approche à court terme qui, en définitive, va à l'encontre du but recherché'‘, regrette l'organisation. Amnesty International a formulé des propositions pour que les Etats membres des Nations unies se partagent équitablement la responsabilité d'accueillir et d'aider les réfugiés, en fonction de leur PIB et du taux de chômage, entre autres critères objectifs, est-il souligné. ‘‘Malheureusement, les Etats semblent sur le point de rejeter, pour toute une série de raisons, les objectifs de partage des responsabilités de la réunion de haut niveau. L'évocation même du partage des responsabilités est menacée'‘, a regretté l'organisation. Elle a exprimé ses appréhensions de voir le pacte sur les réfugiés reporté à deux ans, du fait que certains Etats exigent une parité absolue entre ce pacte et celui concernant les migrations. AI a expliqué cette situation par ‘‘un manque de volonté politique'‘ de la part des Etats concernés et qui, à son avis, ‘‘ne font quasiment rien pour accueillir et aider les réfugiés'‘.