Douze jours après l'attentat de Nice, qui a fait 84 morts et plus de 300 blessés, la France est en émoi mardi après l'attaque d'une église en Seine-Maritime (Nord-Ouest) qui a coûté la vie à un prêtre et une autre personne grièvement blessée. Les deux auteurs de l'attentat terroriste, dont l'un était connu par les services de sécurité, ont été tués après avoir commis leur forfait, revendiqué d'ailleurs par l'organisation terroriste autoproclamée "Etat islamique" (EI/Daech). Pendant une cérémonie religieuse en milieu de matinée, dans une église catholique de Saint-Etienne-du-Rouvray (près de Rouen), les deux terroristes ont pris en otages des personnes, égorgé le prêtre (84 ans) et blessé une personne qui se trouve, selon des sources locales, entre la vie et la mort. Selon le ministère de l'Intérieur, trois otages ont pu être libérés "sains et saufs" et les deux auteurs "ont été neutralisés et abattus". Selon les médias français, la police a lancé l'assaut peu avant 11h00 et des tirs ont été entendus. Un des deux auteurs de l'attaque serait connu des services de renseignement et de la justice, selon une source proche du dossier, citée par plusieurs médias français. Il aurait tenté de rejoindre la Syrie mais avait été intercepté en Turquie. Renvoyé en France, il aurait été incarcéré à son retour en mai 2015 pour une année avant d'être libéré en mars 2016 sous bracelet électronique. Il bénéficiait, toujours selon les mêmes sources, d'une permission de sortie tous les jours entre 8h30 et 12h30. Selon une source proche de l'enquête, citée par les médias, un homme a été placé en garde à vue mardi dans le cadre de l'enquête, mais aucune précision sur le profil de cette personne n'a été donnée. Le président français François Hollande, dont le mandat présidentiel a été affecté par quatre attentats terroristes depuis janvier 2015, a qualifié ce crime d'"ignoble attentat terroriste", ajoutant "nous sommes face à un groupe, Daech, qui a déclaré la guerre et nous devons mener cette guerre". "Ce sont les catholiques qui ont été frappés, mais ce sont tous les Français qui sont concernés", a-t-il soutenu, appelant les Français à la "cohésion" et à faire "un bloc que personne ne doit pouvoir fissurer". "La menace (terroriste) reste très élevée", a-t-il ajouté, alors que la polémique autour de l'attentat de Nice ne s'est pas encore estompée et la douleur est toujours vive. En réaction à cet attentat, le recteur de l'Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, qui l'a qualifié de "lâche assassinat", a condamné, dans un communiqué adressé à l'APS, avec "la plus grande force cette lâche attaque barbare et criminelle qui endeuille la communauté catholique et toute la nation". Pour sa part, Mohammed Karabila président du Conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie, est resté perplexe devant cet assassinat soulignant avoir travaillé avec le prêtre "quelqu'un qui a donné sa vie aux autres". Pour le grand rabbin de France et le consistoire, qui organise le culte juif en France, "au-delà de la communauté catholique, c'est toute la France qui est visée par cette attaque barbare". Dans l'après-midi de mardi, le président français a réuni à l'Elysée le Premier ministre Manuel Valls, les ministres Bernard Cazeneuve (Intérieur) et Jean-Jacques Urvoas (Justice) pour un "point sur la situation". La classe politique, hormis le Front national (FN) et Les Républicains (LR) qui ont pris à partie le gouvernement, a été unanime à condamner cet "ignoble" crime. Le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a souligné que "c'est l'été des assassins les plus infâmes", déclarant que "chaque crime nous soulève de dégoût pour leurs auteurs et de sentiments de compassion effarée pour leurs malheureuses victimes", alors que la maire de Paris, Anne Hidalgo, a estimé que "la compréhension et le respect de l'autre doivent être notre première réponse à la barbarie". Pour sa part, Nathalie Kosciusko-Morizet, chef de l'opposition à Paris (LR) affirmé qu'"aucun Dieu ne prône la haine. Aucun Dieu n'appelle au meurtre", tandis que le président de l'Union des démocrates et Indépendants (UDI) de la région Normandie, Hervé Morin, a considéré qu'"au-delà de la sécurité de nos compatriotes, il y a derrière ça la menace que tout ça peut mal finir, c'est à dire finir par un embrasement de la société française".