La prise d'otages est survenue en pleine célébration d'une messe Les deux agresseurs ont été éliminés à l'issue de leur forfait, alors qu'ils tentaient de s'échapper de l'édifice religieux. La mouvance terroriste agissant sous la bannière de l'EI vient encore une fois d'endeuiller la France. Cet énième attentat commis dans l'enceinte d'une église et qui a coûté la vie à un prêtre exaspère l'état de tension qui frappe la France ces derniers jours. La tuerie a eu lieu dans l'enceinte d'une église à Saint-Etienne-du-Rouvray dans le nord-est de la France et les deux agresseurs ont été éliminés à l'issue de leur forfait, alors qu'ils tentaient de s'échapper de l'édifice religieux. La prise d'otages est survenue en pleine célébration d'une messe, hier matin, dans une chapelle d'une cité populaire de la banlieue de Rouen. Selon le ministère de l'Intérieur, trois otages ont pu être libérés sains et saufs. Le père Jacques Hamel, 84 ans, a été égorgé, a-t-on indiqué de sources proches de l'enquête, et un ex-otage se trouvait entre la vie et la mort. L'un des deux auteurs de la prise d'otages «serait connu des services antiterroristes», ont indiqué aux médias des sources proches de l'enquête, précisant que l'identification formelle était en cours. Selon les premiers éléments de l'enquête, qui doivent être corroborés par l'identification formelle des deux assaillants, l'homme, abattu avec son complice par les policiers, était fiché par les services de renseignement, ont précisé ces sources. Il avait tenté de rallier la Syrie en 2015 et avait été, à son retour de Turquie, mis en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et placé en détention provisoire, avant d'être libéré sous bracelet électronique. Le groupe Etat islamique (EI) a affirmé que l'attaque avait été exécutée par deux de ses «soldats», selon l'agence Amaq, un organe de propagande de l'organisation djihadiste. Les auteurs de l'attaque «répondaient aux appels à prendre pour cible les pays de la coalition» internationale qui combat l'EI en Irak et en Syrie, d'après Amaq. L'EI a ainsi revendiqué l'attaque après avoir déjà endossé la responsabilité de celle qui avait fait 84 morts le 14 juillet dernier à Nice (sud-est de la France). Cette prise d'otages est donc survenue dans un contexte de très forte tension en France, près de deux semaines après l'attentat de Nice, lequel a été revendiqué par l'EI. Le Premier ministre Manuel Valls a assuré que les Français «feront bloc» face à «l'attaque barbare d'une église» catholique au cours de laquelle deux preneurs d'otages ont tué le curé de la paroisse. «Horreur face à l'attaque barbare d'une église de Seine-Maritime. La France entière et tous les catholiques sont meurtris. Nous ferons bloc», a tweeté le Premier ministre. «Ce sont les catholiques qui ont été frappés, mais ce sont tous les Français qui sont concernés», a déclaré pour sa part le président socialiste François Hollande qui s'est déplacé sur les lieux du drame. Il a appelé le pays à la «cohésion» et à faire «un bloc que personne ne doit pouvoir fissurer». «La menace reste très élevée», a-t-il ajouté, alors qu'il était accompagné du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Le pape s'associe à «la douleur et à l'horreur», a réagi le Vatican, en condamnant «un meurtre barbare» dans «un lieu sacré où s'annonce l'amour de Dieu». «Je crie vers Dieu, avec tous les hommes de bonne volonté. J'ose inviter les non-croyants à s'unir à ce cri», a affirmé dans un communiqué l'archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, depuis Cracovie (Pologne) «L'innommable arrive», a-t-il déploré alors qu'il était présent à l'ouverture à Cracovie des Journées mondiales de la jeunesse, grand rassemblement catholique auquel devait participer le pape François. Le représentant musulman de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans le nord-ouest de la France, s'est dit «effaré» par le décès de son «ami», le prêtre Jacques Hamel. «Je ne comprends pas, toutes nos prières vont vers sa famille et la communauté catholique», a déclaré l'imam Mohammed Karabila. «C'est quelqu'un qui a donné sa vie aux autres. On est abasourdis à la mosquée», a-t-il ajouté. Le prêtre et l'imam s'étaient retrouvés à plusieurs reprises lors d'interventions publiques sur la religion et le savoir-vivre ensemble. «Cela fait 18 mois qu'on s'attaque à des civils, maintenant ils visent des symboles religieux et prennent pour prétexte notre religion, ce n'est plus possible», a déploré M.Karabila. La mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray a été inaugurée en 2000 sur une parcelle de terrain offerte par la paroisse catholique de la ville. C'est dans cette même mosquée qu'avait eu lieu une cérémonie funèbre en mémoire d'Imad Ibn Ziaten, un parachutiste de 30 ans tué le 11 mars 2012 à Toulouse (sud-ouest) par Mohamed Merah, qui avait assassiné en 2012 trois militaires et quatre juifs, dont trois enfants. Imad Ibn Ziaten était originaire de la commune toute proche de Sotteville-lès-Rouen. «C'est un choc total, ça réveille la douleur», a déclaré sa mère, Latifa Ibn Ziaten, qui a fondé une association afin de lutter contre la radicalisation islamiste. Dans un communiqué, l'Assemblée des évêques catholiques de Terre sainte, basée à Jérusalem, se dit «choquée par l'attaque terroriste» et affirme présenter avec «toutes les églises de Terre sainte leurs condoléances à l'église et au peuple de France». La Maison-Blanche a également présenté ses condoléances et offert son aide, suite à cet événement tragique.