La Ligue arabe n'a pas progressé et peine à passer de la coopération à l'intégration, se laissant dépasser par les pays occidentaux dans la résolution de ses conflits internes, a estimé jeudi à Alger M. Ahmed Mahiou, spécialiste du Monde Arabe. S'exprimant dans le cadre d'une conférence-débat organisée par l'Institut national d'études de stratégie globale (INESG) sous le thème : "Le Monde Arabe à l'Epreuve de la Mondialisation", M. Mahiou a expliqué que "la Ligue arabe n'avait pas progressé et avait échoué à passer de la coopération à l'intégration, se laissant dépasser par les autres organisations". "Le principal échec de la Ligue arabe est son incapacité à résoudre les conflits internes, notamment la question palestinienne", a-t-il relevé. Pour l'ancien directeur de l'institut d'études et de recherches sur le monde arabe et musulman (IREMAM) d'Aix-en-Provence (France), "l'organisation arabe est tellement divisée qu'il lui est difficile de faire bloc et intervenir dans les conflits, laissant le champs libre aux pays occidentaux pour agir selon leurs intérêts". Le conférencier est ainsi revenu sur l'aspect politique de la mondialisation du Monde arabe, relevant que les pays arabes font également face aux défis des droits de l'Homme et de la démocratie, qui ont longtemps été des éléments de désaccords avec les pays occidentaux, ainsi qu'au sein même de Monde arabe". Par ailleurs, Ahmed Mahiou a expliqué que le "phénomène de la mondialisation passait par deux autres aspects : culturel et économique". Il a abordé "le problème de la mondialisation du Monde arabe et la valeurs de la culture arabe". En effet, selon cet ancien professeur et doyen de la Faculté de droit d'Alger, les gouvernements du Monde arabe craignent les effets de la mondialisation culturelle sur leurs valeurs propres et auxquelles ils sont attachés". "Ils (les gouvernements arabes, ndlrs) s'interrogent sur le mode à tenir pour combiner tradition et modernité", a-t-il poursuivi, expliquant que "les réticences de certains pays arabes se traduisent par leurs réserves à ratifier les conventions internationales, dont celles qui concernent la femme ou la peine capitale". "La deuxième valeur qui pose débat est la place de la religion", a ajouté M. Mahiou, poursuivant : "L'Islam occupe une place fondamentale dans le Monde arabe avec sa variété d'interprétations contrairement aux pays occidentaux où la religion est secondaire". L'expert a également relevé que "la place de la religion est revenue au débat lorsque des groupes extrémistes l'ont instrumentalisé pour justifier leurs actes de violences". M. Mahiou a en outre évoqué "les difficultés de l'internationalisation de l'arabe", cinquième langue à l'ONU, qui s'expliquent, a-t-il dit, par "l'absence des efforts des gouvernements arabes à traduire les publications". "Le Monde arabe qui compte 22 pays et plus de 350 millions d'habitants traduit moins que la Grèce, qui en compte 11 millions", a-t-il déploré. S'agissant de la "Mondialisation économique", M. Mahiou a cité les "hydrocarbures, notamment le pétrole, comme la principale voie des pays arabes vers la mondialisation". "Les pays arabes ont utilisé les revenus du pétrole pour se développer et s'ouvrir sur les autres pays, surtout africains", a-t-il indiqué, précisant néanmoins qu'"en dépit des efforts et des acquis économiques réalisés par le Monde arabe, il n'a pas réussi à s'organiser à l'image de l'Europe avec l'Union européenne". Le conférencier a ainsi regretté que "les échanges commerciaux entre les pays arabes oscillent entre 5 et 10 %, contrairement à l'UE où la majorité des échanges se font en interne".