La militante et écrivaine, Monique Hervo, a revendiqué lundi de l'Etat français des "éclaircissements" sur le massacre en France des Algériens le 17 octobre 1961. Pour cette militante de 87 ans, qui avait manifesté ce jour-là avec les Algériens, les archives de la brigade fluviale, dont on disait qu'elles étaient détruites, ne le sont pas. "Exigeons des éclaircissements en souvenir de ces Algériens noyés", a-t-elle demandé dans un "Appel contre l'oubli", publié à l'occasion du 55e anniversaire du massacre en France des Algériens. "Aujourd'hui, je suis toujours autant horrifiée par le refus de reconnaître la réalité du massacre du 17 octobre 1961 qui se déroula dans la capitale française. Manifestation extrêmement pacifique de 40.000 Algériens contre un couvre-feu qui leur était imposé et de la gigantesque ratonnade qui s'abattit sur eux", a-t-elle affirmé, rappelant que la police parisienne "massacre, tue par balles, jette dans la Seine, 300 morts, plus de 11.000 arrestations. Aucun mort ni blessé du côté des forces de l'ordre". La suite de ces massacres un "gros trou noir qui dura des décennies", a-t-elle fait remarquer, évoquant la position du gouvernement français qui a justifié ces actes de la police parisienne par un "mensonge d'Etat : deux, trois morts… Tentatives d'effacement. C'est le maintien de l'ordre, sans plus". Il y a lieu de rappeler que Monique Hervo, avec une équipe du Service civil international, association qui réunit des objecteurs de conscience, s'était installée au bidonville de la Folie, à Nanterre, en 1959 et elle avait manifesté, par la suite, aux côtés des Algériens le 17 octobre 1961. "J'affirme que la police a tiré sur les manifestants au milieu desquels je me trouvais en compagnie des femmes et des enfants du bidonville de la Folie à Nanterre. Ainsi que des terribles violences policières sur le bidonville durant les neuf mois précédant le massacre du 17 octobre et qui ne sont que rarement dévoilées", a-t-elle témoigné dans cet appel, dont l'APS a reçu une copie. Elle a déploré que ce "silence d'Etat eut duré 51 ans jusqu'au mandat du président François Hollande qui a reconnu officiellement qu'il y eut une ‘sanglante répression', mais sans prononcer le terme de ‘massacres'". Pour elle, il y a "détournement volontaire" du vocabulaire comme il n'y eut pas de "guerre d'Algérie", rappelant que "la France parla, durant un demi-siècle, des ‘évènements d'Algérie' et de ‘pacification' à la pointe du fusil".