La nomination d'Abdelwahab Derbal à la tête de la Haute instance indépendante de surveillance des élections, envisagée par le président de la République, a été saluée par des partis politiques alors que d'autres émettent des réserves notamment sur le rôle que peut accomplir cette instance. Pour le chargé de la communication au parti du Front de libération national (FLN), Hocine Khaldoun, "le principe de la concertation engagé par le président de la République est une pratique inédite qui renseigne sur la bonne intention de renforcer l'exercice démocratique". Relevant que "M. Derbal est une personne qui maîtrise assez son sujet et cumulant une expérience professionnelle solide", le responsable du FLN a noté qu'"à priori, son parti n'a pas de réserves à formuler quant à ce choix", appelant les autres formations politiques "à coopérer avec cette instance pour qu'elle puisse accomplir sa mission". Le porte parole au Rassemblement national démocratique(RND), Seddik Chihab, a déclaré que son parti "salue l'initiative qui vient en adéquation avec la Constitution", ajoutant qu'elle "vient aussi en réponse à une revendication de la classe politique, notamment l'opposition". Il a indiqué, que "le bureau national du parti va se réunir cette semaine, sous la direction du SG du parti, Ahmed Ouyahia, pour étudier la proposition". M. Chihab a souligné que "M. Derbal est connu comme militant opposant qui a agi pour l'intérêt du pays dans la période difficile traversée par l'Algérie", estimant qu'il "avait accompli comme il se doit les missions et les responsabilités qui lui ont été confiées". Le président du parti Tajamoua Amel El Jazair (TAJ) Amar Ghoul avait exprimé, lors d'un point de presse, la position "positive" de son parti quant à l'intention du président de la République, de nommer Derbal à la tête de cette instance. Pour sa part, le secrétaire général d'El Islah, Filali Ghouini, a estimé, que "son parti n'a pas de réserves à émettre sur cette proposition dans la mesure ou M. Derbal est une compétence avérée qui honore l'Algérie". Mohamed Douibi, secrétaire général du parti Nahda, a mis en évidence "les compétences de M. Derbal", estimant cependant que "la composante et les prérogatives de cette instance pousse notre mouvement à exprimer des réserves quant aux missions attendues d'elle". Le responsable de Nahda a regretté également "l'absence de représentants de partis politiques au sein de cette instance". De son côté, le responsable de la communication au Parti des travailleurs (PT), le député Djelloul Djoudi, a rappelé que "le parti avait déjà émis des réserves sur la composante de cette instance et formulé des amendements sur la loi électorale lors des débats au sein de l'Assemblée nationale populaire". S'agissant de la personne de M. Derbal, le représentant du PT a souhaité la désignation, d'une "personnalité indépendante et sans aucune couleur politique pour présider une instance d'une telle importance". Le président du Mouvement pour la société et la paix (MSP), Abderezak Makri, a exprimé, pour sa part, "des réserves sur l'instance et non pas sur la personne de M. Derbal". M. Makri a écrit sur sa page Facebook que son parti "n'avait pas à s'exprimer sur la personne de M. Derbal qui est respectable", estimant que "le problème se posait dans l'instance elle même, notamment ses prérogatives". Estimant que la désignation de M. Derbal "ne changera en rien la mission de cette instance", il a déclaré que "si le MSP venait à participer aux futures échéances électorales, ça sera pour tester la volonté politique du pouvoir d'organiser des élections transparentes et ne pas le laisser gagner ces élections, faute de concurrence". Sofiane Djilali, premier responsable de Jil Djadid, qui a déjà annoncé sa non participation aux prochaines élections, considère que cette nomination "n'aura pas d'incidence sur le déroulement du processus électoral", estimant que "cette instance pourrait accomplir au mieux sa tâche si on garantit certains dispositifs réglementaires qui font encore défaut". Plusieurs partis ne son pas prononcés sur cette nomination, à l'instar du Front des forces socialistes (FFS), que a indiqué par la voix de son chargé de l'information, Youcef Aouchiche, que "l'avis du parti sera connu prochainement". La Présidence de la République avait indiqué dimanche dernier que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, envisage de nommer l'ancien ministre, Abdelwahab Derbal, juriste de formation, à la présidence de cette Haute instance. L'article 194 de la Constitution a créé cette instance qui "veille à la transparence et à la probité des élections présidentielles, législatives et locales et du référendum, depuis la convocation du corps électoral jusqu'à la proclamation des résultats provisoires du scrutin". Cette même disposition précise notamment que l'instance est "présidée par une personnalité nationale nommée par le Président de la République, après consultation des partis politiques". Le Président de la République entend prendre les mesures appropriées afin que l'instance puisse être mise sur pied sans délai, et exercer ses attributions dès les prochaines élections législatives en 2017. Juriste de formation, M. Derbal a, notamment, été élu à l'Assemblée populaire nationale en 1997 au titre du parti Nahda, puis a exercé successivement les fonctions de ministre chargé des relations avec le Parlement et de Conseiller à la présidence de la République, avant de diriger le Bureau de la ligue arabe auprès de l'Union européenne à Bruxelles. M. Derbal a, également, été ambassadeur d'Algérie en Arabie saoudite jusqu'au printemps de cette année.