Un nombre important de recueils de nouvelles est proposé par les éditeurs algériens à l'occasion du 21e Salon international du livre d'Alger (SILA), une profusion qui marque un intérêt renouvelé des auteurs et des professionnels pour ce genre littéraire. Aux côtés des quelques quatre-vingt nouveaux romans qui dominent toujours leurs étals, les éditeurs algériens spécialisés en littérature ont fait, pour ce 21e SILA, le pari de mettre en avant la nouvelle, une année après avoir consacré la poésie. Arabophones en très grande majorité, ces maisons d'édition ont publié des nouvelles de romanciers confirmé, d'auteurs débutants, de critiques littéraires reconvertis dans cette forme courte, ou encore d'écrivains longtemps absents de la scène éditoriale. "Dar El Kalima" par exemple propose pas moins de six nouveaux recueils dont celui, très remarqué, du critique littéraire Guelouli Bensaâd "Sadrou El Hikaya" (Le coeur du récit), dédié aux préoccupations les plus particulières de l'individu algérien. "Dar El Kalima" publie, également pour le 21e Sila, "Qaliloun Mina El Ma' Li Kaï La Amchi Hafyan" (Un peu d'eau pour que je ne marche pas pieds nus) d'Abdelkarim Yaniya et "Min Moudhakirat Ghorfati" (Des mémoires de ma chambre) de Hafida Tagham, Prix 2015 Ghassan-Kanafani de la nouvelle (du nom de l'écrivain et homme politique palestinien). L'éditeur Baghdadi, parie sur la notoriété naissante de Abdelwahab Aïssaoui, du lauréat du Grand Prix Assia-Djebar du roman en 2015, en publiant son recueil "Madjaz Assarw" (La métaphore du cyprès). Autre romancière primée (Prix Abdelhamid-Benhadouga 2012), Amina Cheikh qui présente pour ce 21e Sila "Wa Achya' Moumila Okhra" (Et d'autres choses ennuyeuses), édité par Hibr. La maison d'édition Mim publie pour sa part "Moghlak Aw Kharidj Madjal At-Taghtia" (Eteint ou en dehors de la zone de couverture), un recueil plein de maîtrise formelle et linguistique signé Khier Chouar. Cet éditeur, parmi les plus actifs dans le paysage littéraire algérien, donne également sa chance à Karima Aïtouche avec un premier recueil titré "Al Wadjh Ath-Thalith Lil Mona Lisa" (Le troisième visage de Mona Lisa). Vitalité éditoriale, promotion "insignifiante" Absente depuis quelques années, l'auteure et journaliste Faïza Mustapha marque son retour avec "El Barrani" (L'étranger) édité par "Dar El Fayrouzi", alors que l'écrivain Mehdi Lalaoui propose des nouvelles expérimentales, mêlant les langues arabe et française, dans "Awkat El Hidjra" (Les temps de l'exil, éd. Casbah). L'intérêt croissant des éditeurs et des écrivains pour la nouvelle en 2016 contraste cependant avec l'absence d'évènements consacrés à ce genre lors du 21e SILA qui a pourtant choisi de mettre à l'honneur la littérature, relèvent les observateurs de la scène littéraire algérienne. Il en est de même pour l'université algérienne où la nouvelle et la poésie sont quasiment absentes des travaux des étudiants, comparés aux écrits académiques sur le roman, jugent-ils. Le manque de promotion de ce genre narratif se traduit aussi par l'absence de Prix littéraires pérennes consacrés à la nouvelle, à l'exception notable du concours annuel organisé par l'établissement Art et Culture d'Alger. Ce manque de "visibilité" apparaît, en outre, à travers une "très faible" participation algérienne aux distinctions, à l'étranger, couronnant les meilleurs nouvellistes. A "AlMultaka", un concours en vue au Koweit dédié à la nouvelle, l'Algérie n'est représentée en 2016, notent encore les observateurs, que par six recueils sur les 189 présentés par l'ensemble des pays arabes.