Des quotas de pêche de l'espadon de Méditerranée seront instaurés dès 2017 pour protéger cette espèce, victime de la surpêche depuis trop longtemps, a annoncé lundi la Commission européenne. "La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique réunie à Vilamoura (Portugal) a approuvé le plan de reconstitution présenté par l'Union européenne (UE)", a indiqué l'exécutif de l'Union dans un communiqué. Ce plan élaboré sur 15 ans (2017-2031), fixe le quota à 10.500 tonnes pour 2017 et prévoit une baisse graduelle de 3% par an jusqu'à 2022. Le plan de reconstitution présenté par l'UE dont la flotte est responsable de près de 80% des captures, constitue "un pas décisif" vers la préservation des stocks, a estimé l'exécutif européen. "En tant qu'acteur majeur de cette surpêche, l'Union européenne a une responsabilité particulière dans la préservation de l'espadon: nous le devons à nos pêcheurs, en particulier aux petits pêcheurs", a déclaré le commissaire européen à l'environnement, aux affaires maritimes et à la pêche, Karmenu Vella, cité dans le communiqué. Ces espèces de poissons pélagiques continuent à être capturés jeunes, et l'état des stocks s'en ressent. La population d'espadon a chuté de 70% en 30 ans en raison de la surpêche, selon des ONG de défense des animaux. Après avoir atteint un pic de plus de 23.000 tonnes à la fin des années 1980, les volumes d'espadon pêchés se sont stabilisés autour des 10.000 tonnes annuellement ces trois dernières années, selon la CICTA. Le commissaire européen s'est dit, d'ailleurs, "impatient" de poursuivre la coopération avec les pays méditerranéens en dehors de l'UE pour continuer à "améliorer la gouvernance de cette mer". Selon la Commission européenne, l'accord "améliore également les mesures techniques et de contrôle" pour protéger les poissons juvéniles (moins de trois ans), le contrôle de la pêche, l'enregistrement et la déclaration des captures, l'introduction d'un système d'inspection internationale et le déploiement d'observateurs scientifiques. "Le plan prend en compte les spécificités socio-économiques de la pêche artisanale autour de la Méditerranée", a-t-on assuré. En plus des pays européens de la rive-nord de la Méditerranée, la Tunisie, le Maroc, l'Algérie, la Turquie et la Libye sont également concernés par ce plan. L'Algérie a commencé, depuis quelques années déjà, a instauré une période de trois mois d'interdiction de pêche par an dans le cadre du repos biologique afin de permettre à cette espèce noble de se régénérer. En 2016, l'interdiction temporaire de la pêche à l'espadon dans les eaux relevant de la juridiction nationale est prévue durant deux périodes: la première est en cours depuis le 1er octobre j'usqu'au 30 novembre, et la seconde est prévue du 15 février 2017 au 15 mars de la même année. Les professionnels de la mer (armateurs, pêcheurs) ont été invités au strict respect de cette mesure sous peine de sanctions, notamment la saisie de la capture assortie de poursuites judiciaires. Le plan de répartition du quota entre les pays concerné par la pêche de ce poisson, décidé ce lundi par la CICTA, sera élaboré au début de l'année prochaine par le groupe de travail qui sera mis en place prochainement, a-t-on ajouté. Des données de la CICTA montrent que l'Italie est le principal pays pêcheur avec 45% des prises, suivie du Maroc (14%), de l'Espagne (13%), de la Grèce (10%) et de la Tunisie (7%).