La Banque mondiale (BM) a anticipé lundi un ralentissement de la croissance dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) en 2017 sous l'effet d'une baisse de la croissance des économies exportatrices de pétrole. La croissance de la région devrait reculer jusqu'à 2,6 % en 2017 contre 3,5% en 2016, selon un rapport de suivi de la situation économique de la région, publié lundi à Washington. En revanche, la croissance des pays importateurs de pétrole devrait atteindre 3,5 % en 2017, contre 2,9 % en 2016. Presque tous les pays de ce sous-groupe devraient obtenir de meilleurs résultats que l'année précédente. Après 2017, la situation devrait légèrement s'améliorer et la croissance devrait dépasser 3 % sur la période couverte par les prévisions. La BM relève que sous le poids des conflits et des violences, mais aussi dans un contexte marqué par les faibles cours du pétrole, l'activité économique de la région Mena est restée atone entre 2013 et 2015, avec une croissance annuelle moyenne de 2,4 %, soit la moitié de celle enregistrée pendant les années 2000. Pour autant, elle constate que "les pays exportateurs de pétrole affichent des signes positifs de reprise après le déclin continu des prix pétroliers, et ce grâce à l'adoption de réformes macroéconomiques vigoureuses". Les mesures récentes comprennent l'augmentation des tarifs des services publics, des prix des carburants et de la fiscalité des expatriés, la modification des lois sur le marché du travail, ainsi que l'émission d'obligations pour financer les importants déficits budgétaires. En Algérie, "le processus harmonieux de rééquilibrage des finances publiques mis en £uvre par le gouvernement" commence à apporter ses fruits. Le déficit budgétaire tombera à un niveau inférieur à 5 % en 2017 pour atteindre 1 % en 2019, selon les projections de la BM. L'Egypte a mis en £uvre d'importantes réformes visant les recettes et les dépenses budgétaires et qui devraient se traduire par une baisse des déficits budgétaires et courants. Les regards sont tournés également vers l'Iran depuis la mise en oeuvre de son plan d'action global commun de l'année dernière, alors que le pays attire davantage d'investissements directs étrangers, essentiellement dans le secteur pétrolier. ==Guerres civiles: 300 mds de dollars de pertes économiques== L'institution de Bretton Woods met en garde, cependant, contre les risques multiples pesant sur la croissance régionale à long terme. Les conflits et les guerres par procuration, l'instabilité politique, la corruption et la mauvaise gouvernance peuvent avoir des effets dévastateurs sur le potentiel de croissance de la région, relève-t-elle dans ce rapport publié à la veille des réunions du printemps du Groupe de la Banque mondiale et du FMI. Les principaux défis à relever pour soutenir une croissance forte et solidaire comprennent la fin des hostilités, l'amélioration des conditions macroéconomiques et la mise en oeuuvre de réformes microéconomiques pour créer un climat favorable au secteur privé, selon la BM. Mais le plus important est de maintenir la dynamique politique en faveur des réformes, souligne le rapport. Les pays de la région Mena devraient réfléchir à des pistes pour maintenir cet élan réformateur, recommande la Banque mondiale. Des mesures devraient être prises pour augmenter les recettes, préserver la stabilité macroéconomique, réorienter les systèmes éducatifs vers les besoins des employeurs du secteur privé, et stimuler la croissance dans le secteur des produits exportables non pétroliers. La reconstruction d'après guerre dans la région Mena devrait en premier lieu tabler sur la promotion de la paix pour éviter la résurgence des conflits, préconise la BM qui a estimé les pertes économiques causées par les trois guerres civiles au Yémen en Syrie et en Libye à environ 300 milliards de dollars. Selon la BM, Il faudra aussi déterminer les moyens de mobiliser ces financements. Les trois pays en guerre sont des économies pétrolières mais même lorsque le secteur pétrolier aura repris il ne pourra pas générer toutes les ressources nécessaires au financement de la reconstruction d'après-guerre. C'est ici que la communauté internationale doit intervenir, recommande la BM.