La majorité des partis politiques en lice pour les législatives du 4 mai prochain n'a pas accordé suffisamment d'intérêt à la question environnementale dans les programmes électoraux qui sont dépourvus de propositions concrètes pour faire face aux défis environnementaux, selon des observateurs et des experts interrogés par l'APS. Les défis environnementaux sont absents dans la vision politique des principales formations politiques, d'autant que l'Algérie figure parmi les pays les plus exposés aux effets des changements climatiques qui menacent les ressources naturelles (eaux, agriculture et autres). A l'exception du développement des énergies renouvelables et propres, étant nécessaire à la garantie de la sécurité énergétique du pays notamment avec la baisse des réserves en énergies conventionnelles (pétrole et gaz), les partis politiques n'ont pas présenté de propositions ou de mécanismes pour la prise en charge des problèmes environnementaux nationaux (désertification, gestion des déchets ménagers et industriels, etc.), se contentant d'appeler à la préservation de l'environnement dans des discours généralistes. Le parti du Front de libération nationale (FLN) appelle à la réalisation de grands projets dans le domaine des énergies renouvelables, en encourageant la recherche scientifique pour trouver des techniques adéquates à la diversification des sources d'énergie, sans impacts sur l'environnement. Le FLN prône la préservation des zones humides et protégées pour la protection de l'écosystème et le reboisement pour lutter contre la désertification et l'érosion des sols. Pour sa part, le Mouvement populaire algérien (MPA) met en avant la nécessité d'inscrire la préservation de l'environnement parmi les priorités nationales. Pour ce parti, la préservation des moyens importants accordés aux domaines agricole et touristique ne saurait être concrétisée sans le développement d'une politique urbanistique ou la réalisation de logements ruraux conformes aux objectifs liés à la protection de la nature, tout en évitant les projets approximatifs comme l'installation de réseau d'assainissement dans les villages et les montages sans l'aménagement de structures de collecte et d'assainissement des eaux usées, causant ainsi la pollution des rivières et des oueds et la disparition d'espèces animales et végétales. Le mouvement soutient que les défis écologiques (environnementaux) et énergétiques figurent désormais parmi les préoccupations majeurs du fait que le "concept du développement durable s'impose de jour en jour aussi bien dans les pays développés que ceux en voie de développement", estimant que la vision actuelle sur l'environnement va au-delà de l'intérêt écologique pour interférer avec d'autres facteurs essentiels dans l'activité économique tels que le climat des affaires, la transparence, les marchés et les transactions. L'Union Ennahda-Adala-Binaa, composée de trois partis, à savoir le parti Ennahda, le Front pour la Justice et le Développement et le parti Bina, s'est engagée à relancer les activités de recyclage industriel des déchets et à éloigner les activités industrielles polluantes des agglomérations ainsi qu'à restructurer les réseaux d'eaux potables et usées. L'Union a plaidé également pour l'évaluation de l'impact environnemental de tous les projets futurs et à l'élargissement des prérogatives du ministère chargé de l'Environnement à l'adoption des projets. L'extension de la couverture végétale et forestière à l'effet de préserver l'écosystème et la pérennité des espèces végétales et animales constitue une des propositions du programme de l'Union Ennahda-Adala-Bina dans le volet lié à l'environnement. De la lecture des différents programmes électoraux, Isamïl Simaoui, professeur-chercheur au Centre des Energies renouvelables retient que les partis politiques ont abordé les questions de l'environnement de manière "superficielle" et sous un même angle à savoir l'énergie alors qu'elles devraient figurer dans tous les secteurs, notamment l'agriculture, l'industrie, la santé, le tourisme et l'enseignement. Il estime que les formations politiques ont négligé la gestion et le recyclage des déchets, essentiellement industriels et sanitaires ainsi que l'utilisation de nouvelles techniques dans le domaine agricole pour limiter les effets de la pollution. Les partis en lice ont omis également de mettre l'accent sur l'importance de l'introduction de cours sur l'environnement dans les programmes d'enseignement, ajoute l'expert. Pour sa part, Hamza Merabet, chercheur et spécialiste des questions de l'environnement considère que les partis politiques ont, comme à l'accoutumé, accordé un plus grand intérêt aux questions sécuritaires et économiques au détriment des questions environnementales, notamment les changements climatiques, la pénurie des ressources hydriques et les espèces végétales et animales. "Il est rare qu'un parti évoque l'environnement et la protection de la nature (...). Bien que les formations politiques font référence dans leurs programmes à des projets liés aux énergies renouvelables, ceci demeure insuffisant pour limiter les effets des changements climatiques", a-t-il estimé.