L'Union européenne (UE) et ses Etats membres entretiennent une ambiguïté et un flou artistique concernant la vague de répression et d'arrestations arbitraires dans le nord du Maroc (Rif), a noté l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles et auprès de l'UE, Amar Belani. En Europe, l'UE et ses Etats membres entretiennent une ambiguïté et un flou artistique concernant cette vague de répression et d'arrestations arbitraires, fermant les yeux sur des pratiques de torture révélées par des organisations et activistes marocains, et s'interdisant tout commentaire ou appréciation critique sur la situation au motif, fort commode, de ne pas compliquer davantage les relations, déjà tendues, avec le Maroc, a affirmé Amar Belani dans une interview accordée à Afrique Asie, publiée samedi sur son site, estimant que ces instances ont une posture morale à géométrie variable . Pour ce diplomate, il n'y a qu'à observer le discours évasif et les réactions plus que mesurées des officiels européens et onusiens face à la répression de la contestation populaire au Rif, qui dure depuis plus de sept mois, alors qu'elle suscite, partout ailleurs, émoi et condamnation, notamment de la part des organisations de la société civile au Maroc et dans le monde . Il a rappelé, dans ce contexte, les propos surréalistes et malvenus du représentant du Maroc auprès des Nations unies à New York qui, à la question d'une journaliste (de l'APS) qui l'interrogeait sur la situation dans le Rif, a débité, comme à son habitude, des contre-vérités pour présenter son pays comme une démocratie idyllique, respectueuse de la liberté d'expression et d'opinion où les manifestants ne sont ni attaqués ni emprisonnés. Sur au autre plan, l'ambassadeur algérien a vivement déploré le silence des autorités espagnoles face au recours unilatéral du Maroc à la délimitation de son domaine maritime qui, d'après lui, a pour principal objectif l'intégration de l'espace maritime longeant les côtes du Sahara occidental dans le système juridique du royaume, pour barrer la route au Front Polisario qui remet légitimement en cause la souveraineté du Maroc sur les eaux territoriales sahraouies, prolongement naturel du territoire non autonome du Sahara occidental, conformément au droit international. En ce qui concerne l'Union africaine (UA), sur laquelle il a estimé qu'elle a été jusque-là relativement épargnée par les nuisances marocaines, Amar Belani a relevé que, depuis l'adhésion du Maroc à l'organisation en janvier 2017, semble parasitée par les actions chahuteuses de ce pays qui entend, avec le soutien de quelques gouvernements africains amis, détricoter toutes les décisions relatives au Sahara occidental. Il s'agit d'une fiction volontairement entretenue par le Maroc et ses relais médiatiques, visant à faire croire à sa capacité à remettre en cause, sitôt entré à l'UA, des positions fermes et solidement ancrées de l'institution panafricaine sur la question du Sahara occidental, a-t-il fait constater, estimant qu'il est inimaginable de croire que cette organisation va changer, du jour au lendemain, sa position doctrinale sur la question, alors que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) siège en son sein. Il a également indiqué qu'il est inconcevable d'envisager que l'UA puisse un jour renoncer au principe sacro-saint de l'intangibilité des frontières héritées de la période coloniale, qui est intrinsèquement lié à son positionnement par rapport au conflit du Sahara occidental, rappelant les décisions et résolutions adoptées par le 29e Sommet des chefs d'Etat de l'UA qui confirment leur attachement collectif à un règlement juste et durable du conflit, lequel doit nécessairement passer par un référendum d'autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies et des décisions de l'UA/OUA.