Les parlements ont un rôle essentiel à jouer dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) en contribuant à les institutionnaliser au niveau local, a indiqué à New York, Seddik Chihab, membre à l'Assemblée populaire nationale (APN). M. Chihab, qui participe depuis lundi au forum politique de haut niveau sur le développement durable, a souligné au cours d'une session de cette rencontre onusienne à laquelle il a pris part "la nécessité pour les parlements d'institutionnaliser ces objectifs afin de renforcer leur mise en œuvre". "Aujourd'hui, les parlements disposent d'une multitude de mécanismes qui leur permettent de concrétiser ces objectifs. Ils sont, en effet, en mesure de légiférer en faveur des ODD, soutenir et superviser leur mise en œuvre et surtout veiller à ce qu'ils profitent aux personnes les plus vulnérables", a relevé M. Chihab au cours d'une table ronde sur l'institutionnalisation des ODD. La participation de M. Chihab aux travaux de ce forum, placé sous les auspices du Conseil économique et social (Ecosoc) a été l'occasion d'évoquer l'état de l'application du programme de développement durable à l'horizon 2030 en Algérie. L'Algérie, qui a réussi à réaliser les objectifs du millénaire (OMD) avant l'échéance, s'est déjà engagée résolument dans la mise en œuvre des ODD, en plaçant l'être humain au centre du processus de développement a indiqué M. Chihab qui n'a pas manqué de souligner les réalisations accomplies notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la sécurité alimentaire et de l'égalité des sexes. "L'Algérie est dans le bon couloir en matière de développement durable" comparée à plusieurs autres pays, a déclaré M. Chihab à l'APS. Et d'ajouter que "notre peuple ne connaît pas ce que c'est que la faim ou l'extrême pauvreté", que le programme vise à éradiquer d'ici à 2030. Pour autant, il a estimé que le renforcement de la participation des femmes à la vie politique en Algérie ne s'est pas accompagné par une grande autonomisation des filles et des femmes dans le pays, les pesanteurs sociales et les traditions ralentissent la réalisation de cet ODD. "Nous avons encore un chemin à faire en matière d'autonomisation des femmes et des filles et ce n'est pas la volonté politique qui manque mais c'est les pesanteurs sociales" qui empêchent d'atteindre cet objectif, a-t-déclaré. M. Chihab, qui est également porte-parole du RND, a regretté que "les efforts fournis et les progrès accomplis par le gouvernement en matière de développement durable ne soient pas suffisamment valorisés pour faire bonne figure dans les institutions internationales", estimant qu'il était nécessaire de faire un travail sur le plan communicationnel pour sensibiliser aussi bien les citoyens que les parlementaires et les décideurs aux ODD". "Nous avons atteint plusieurs objectifs mais sans qu'on en fasse la promotion", a-t-il dit estimant que c'est "une mission qui incombe à toutes les parties prenantes et aux différents acteurs de la société". Selon lui, il est important pour les Algériens de prendre conscience des acquis en matière de développement et d'œuvrer à les préserver en envisageant l'avenir d'une façon "sérieuse et rigoureuse" notamment dans ce contexte baissier des prix de pétrole et de raréfaction des ressources financières qui "exige plus de rigueur dans la gestion des deniers publics". Le parlementaire qui représente également le groupe géopolitique africain à cette réunion a indiqué que les discussions tenues au cours de cette session étaient axées sur les moyens d'éliminer la pauvreté et la faim, de promouvoir la prospérité dans le monde, et de parvenir à l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes et des filles. Les participants à cette rencontre ont également discuté des pistes à suivre pour assurer la sécurité alimentaire, préserver les océans et les ressources marines et développer une industrialisation durable en encourageant l'innovation, a enchaîné M. Chihab également membre permanent de la Commission onusienne de l'union interparlementaire. Le Forum politique de haut niveau, créé au sommet Rio+20 pour remplacer la Commission du développement durable, se réunit chaque année au mois de juillet, pour faire le point sur les progrès accomplis et réajuster les efforts mondiaux en la matière. La session qui se tient cette année sous le thème "éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation " est la deuxième d'un cycle quadriennal. Le rapport du secrétaire général sur les objectifs de développement durable, présenté au début des travaux du forum fait état de 767 millions de personnes dans le monde vivant encore en dessous du seuil de pauvreté international, fixé à 1,90 dollar par jour. L'Ecosoc s'est attardé au cours des travaux de ce forum sur "l'état paradoxal" du monde: un PNB de 127.000 milliards de dollars et un milliard de pauvres plongés dans "une crise de confiance".