Un tribunal d'Al-Hoceïma a condamné mardi à trois mois de prison ferme le journaliste marocain Hamid El Mahdaoui, pour avoir "invité" des personnes à "participer à une manifestation jeudi dernier pour exiger la libération des prisonniers du mouvement "Hirak", protester "contre la répression" et "maintenir le combat populaire contre le makhzen (pouvoir), a indiqué le site d'information qu'il dirige. Ce journaliste engagé, à la tête du site d'information marocain Badil, a été arrêté jeudi avant le début de la manifestation interdite et réprimée par les forces de sécurité à Al-Hoceïma, épicentre d'un mouvement contestataire qui secoue la région du Rif, dans le nord du royaume. Accusé d'avoir "contribué" à l'organisation d'une "marche non autorisée", M. El Mahdaoui a écopé mardi matin de trois mois de prison ferme et d'une amende de 20.000 dirhams (1.800 euros), selon le site d'information Badil. Il peut interjeter appel de cette décision. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), association basée à New York, avait appelé vendredi à la libération du directeur de Badil et à l'abandon de "toutes les charges" contre lui. Reporters sans frontières (RSF), qui a répertorié sept "journalistes-citoyens et collaborateurs de médias" arrêtés dans la région depuis le début de la contestation il y a neuf mois, a pour sa part dénoncé samedi "l'attitude des autorités marocaines", qui "entravent" selon elle la couverture de la contestation dans le Rif. Le Maroc, qui a reculé de deux places (133e sur 180 pays) au dernier classement mondial de RSF sur la liberté de la presse, continue à "pâtir de nombreux problèmes s'agissant de la liberté de la presse", d'après la même organisation. En effet, la situation dans cette ville d'Al-Hoceima de la région du Rif est tendue depuis octobre 2016, lorsqu'un vendeur de poisson, Mouhcine Fikri, a été broyé par une benne à ordures alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise confisquée par les forces de sécurité. Ce drame a motivé la prise de conscience face aux injustices sociales et politiques imposées aux populations de cette région, depuis plus de 60 ans. La frustration et le sentiment d'abandon restent bien présents dans l'esprit des habitants rifains.