Les forces du Makhzen ont férocement réprimé jeudi soir les manifestants à Al-Hoceïma La région est en ébullition après la grandiose manifestation pacifique de jeudi qui a été violemment réprimée, faisant des dizaines de blessés dont un qui est dans le coma. Le Hirak, mouvement de contestation sociale du Rif, a décidé de bouger encore une fois. Et lorsqu'il le fait, cela s'apparente à une secousse tellurique dont l'épicentre se situe à Al Hoceïma. Une ville de la côte nord-est du royaume qui vit un climat insurrectionnel larvé depuis qu'un jeune poissonnier, Mouhcine Fikri, a été broyé par une benne à ordures, au mois d'octobre 2016, sous le regard de policiers qui lui ont saisi sa marchandise qu'il a vainement tenté de sauver. Ses habitants ne décolèrent plus depuis ce jour-là notamment. Une colère qui est montée d'un cran depuis que le leader de la contestation rifaine a été arrêté puis mis sous les verrous. Une grandiose manifestation pacifique a été prévue jeudi dernier pour réclamer sa libération comme elle visait à dénoncer la marginalisation de la région. Malgré son interdiction par les autorités, les manifestations l'ont bravée. Le face-à-face est devenu inévitable. Les manifestants ont investi massivement plusieurs points de la ville d'Al Hoceïma devenue le centre de la contestation de cette région du Rif rebelle au pouvoir central. La police en embuscade a sorti le gourdin. Le choc fut frontal. Violent. «Les forces de l'ordre, déployées en nombre, sont systématiquement intervenues pour charger les manifestants et disperser tout rassemblement, donnant lieu à des face-à-face tendus entre les deux parties.» rapporte sur son site le quotidien français Le Parisien. Les «insurgés» ont fait face. «L'interdiction de la manifestation à caractère pacifique n'a pas eu raison de la détermination des habitants des villes et villages avoisinants, qui ont afflué sur Al Hoceïma», a rapporté la presse locale. La ville a été vite quadrillée pour la mettre «état de siège» pour que probablement cette nouvelle bastonnade se joue à huis clos. «Plusieurs manifestants qui ont essayé de se rendre à Al Hoceïma, en provenance d'Imzouren, Beni Bouayach, Tamassint et les autres villages et villes avoisinantes, ont été soit enregistrés dans des fiches rouges, soit interdits de continuer le trajet par les gendarmes ou policiers postés aux entrées de la ville», ont indiqué plusieurs témoins. Les médias n'ont pas été épargnés par cette répression sauvage et aveugle. Le journaliste, Hamid El Mahdaoui directeur du site Badil, a été accusé d'avoir «incité» des personnes à «participer à une manifestants interdite et à contribuer à son organisation». Une enquête a été diligentée contre lui. Il ne serait pas étonnant qu'il soit arrêté. Les manifestants quant à eux continuent de donner de la voix. Aux cris de «Vive le Rif, vive Zefzafi!», ils annoncent la couleur et crient leur colère. Un scénario qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui du jour de l'Aïd. Le 26 juin, le grand rassemblement pacifique qui devait se tenir, à Al Hoceïma pour réclamer la libération immédiate des prisonniers politiques, le retrait de toutes les forces de police en présence et le retour à une situation antérieure au 28 octobre (2016, ndlr) avait été violemment réprimé. Le Rif a été mis en état de siège. La police avait complètement verrouillé Al-Hoceïma et multiplié des contrôles sur les routes qui conduisent à cette ville. Des images prises dans le feu de l'action diffusées sur les réseaux sociaux et relayées par les télévisions du monde entier ont montré des dizaines de manifestants à terre, inertes, ensanglantés et tabassés sans pitié. La police marocaine n'y avait pas été de main morte. Elle a fait couler le sang à Al Hoceïma. La ville rebelle a été quadrillée. Des check-points ont été sur tous les axes routiers qui y mènent. Ces barrages ont filtré toute personne désirant se déplacer d'une bourgade à une autre empêchant ainsi le passage de familles entières qui voulaient rejoindre leurs proches. «Le peuple du Rif a décidé la chute de la militarisation!» avaient scandé les manifestants. Un message pour le trône ébranlé par le chaudron du Rif.