Plus de 225.000 migrants et réfugiés, présents illégalement dans l'Union européenne (UE), ont été renvoyés en 2016 dans leurs pays d'origine, montrent des données publiées par l'office statistique européen, Eurostat. "L'année dernière, 226.150 personnes qui étaient présentes illégalement dans l'Union européenne (UE) ont été renvoyées hors du territoire de l'Union", a précisé Eurostat dans un communiqué. Il s'agit du nombre d'expulsion le plus élevé jamais enregistré depuis le début, en 2008, de collecte de données sur les demandeurs d'asile, a fait remarquer l'office statistique européen. Après la politique des portes ouvertes prônée en 2015, l'Allemagne, influencée par son calendrier politique (élection législatives à l'automne), a décidé de durcir sa législation migratoire. En 2016, l'Allemagne a expulsé plus de 74.000 migrants dont les demandes d'asile ont été rejetées, soit un tiers (33%) du nombre total de personnes renvoyées chez elle depuis l'UE, suivie par le Royaume-Uni qui a renvoyé 36.400 personnes (16%) dans leurs pays d'origine, la Grèce et la Pologne qui ont également expulsé environ 19.000 personnes, soit 8% chacun. Selon Eurostat, comme en 2015, près d'une personne sur cinq était albanaise. En effet, 42.600 Albanais, présents illégalement dans l'UE, ont été rapatriés dans leur pays, suivis par les Ukraniens avec 22.600 personnes renvoyées chez elles, les Irakiens (17.100), les Kosovars (13.000), les Serbes (12.200) et les Marocains (9.900). Face à l'arrivée massive de migrants et de réfugiés en 2015, les Etats membres de l'UE ont tout mis en œuvre pour éviter un nouvel afflux de population, au prix de "nombreuses violations des droits humains et du droit des réfugiés", ont déploré les organisations de défense de droit de l'homme qui ont dénoncé "une Europe qui ne reconnaît plus le droit à l'asile, l'une de ses valeurs fondamentales". Non seulement les expulsions collectives sont interdites par la Charte des droits fondamentaux de l'UE, mais, en vertu du droit européen, tout demandeur d'asile a le droit de déposer un dossier de demande d'asile dans le pays d'arrivée (règlement européen de Dublin) ou un autre pays si sa demande ne peut pas être traité dans des conditions décentes. Mercredi, la Commission européenne qui s'est félicitée des "niveaux records" de relocalisation de demandeurs d'asile au sein de l'UE, atteints au mois de juin, a exhorté toutefois les Etats membres de l'Union à fournir des "efforts supplémentaires" pour accélérer les transferts au départ de l'Italie, confrontée à un afflux massif de migrants. La Commission européenne a décidé également de lancer la deuxième étape des procédures d'infraction contre la République tchèque, la Hongrie et la Pologne qui rechignent à accueillir des réfugiés conformément au plan de répartition de 160.000 demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce, mis en place par l'exécutif européen et adopté en septembre 2015. Le même jour, la Hongrie et la Slovaquie ont essuyé un revers dans leur tentative de faire annuler par la Cour de justice de l'UE le plan de "relocalisations", lancé en 2015 pour soulager l'énorme pression migratoire pesant sur l'Italie et la Grèce. L'avocat général de la Cour a en effet proposé de rejeter les recours des deux pays, soutenus par la Pologne, en rejetant leurs arguments contre des décisions "illégales", qui leur imposent d'accueillir des étrangers, musulmans pour la plupart, que leurs sociétés n'ont pas la capacité d'intégrer, selon eux.