Les moyens et mécanismes de financement de l'économie nationale et de ses programmes d'investissement ont été mardi à Alger au centre des interventions des présidents des groupes parlementaires à l'Assemblée populaire nationale (APN) à l'issue du débat sur le Plan d'action du gouvernement. Le président du groupe parlement du Rassemblement national démocratique (RND), Belabbas Belabbas, a estimé que le recours au financement non conventionnel permettrait de poursuivre le processus de développement, saluant la sincérité du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, concernant la situation financière et économique du pays. L'intervenant a salué les mesures contenues dans le Plan d'action visant à booster l'investissement dans tous les secteurs et à réactiver les fonds de développement du Sud et des hauts Plateaux, soulignant l'importance d'accélérer la mise en place de la "finance islamique" et de renforcer son rôle en matière de financement bancaire. Pour sa part, le président du groupe parlementaire du parti du Front de Libération nationale (FLN), Said Lakhdari, considère que la conjoncture économique que traverse le pays est "très difficile", soulignant que l'adaptation aux réforme était inéluctable pour prémunir l'avenir du peuple contre les fluctuations du marché du pétrole. Cette situation "exceptionnelle" requiert la mobilisation des efforts de tous pour sortir de la crise et "prendre notre destin entre nos mains", a indiqué le député. Dans le même contexte, M. Mustapha Nouassa, président du groupe parlementaire de Tajamoue Amel El Djazair (TAJ), a estimé que le Plan d'action du Gouvernement était porteur d'un discours "sérieux" qui exprime une "volonté réelle" à faire face à la conjoncture. Le député a salué l'intérêt accordé au tourisme au même titre que l'industrie et l'agriculture, appelant à la création de crédits à long terme pour développer ce secteur. M. Nouassa a estimé nécessaire de prendre les mesures idoines pour l'"éradication de l'économie parallèle", la révision de la politique d'aide, l'investissement dans la ressource humaine et la révision des modes de consommation. Le président du groupe parlementaire du Mouvement populaire algérien (MPA), Hadj Cheikh Berbara, a estimé que le financement non conventionnel aura des répercussions positives et directes sur le citoyen, car constituant une mesure nécessaire pour éviter l'endettement extérieur, à condition qu'il soit accompagné de réformes profondes et immédiates en matière d'amélioration du climat des affaires, le règlement du problème du foncier industriel, immobilier, touristique et agricole ainsi que la modernisation des banques. Pour sa part, le président du groupe parlementaire des indépendants, Lamine Osmani, a souligné l'importance de diversifier les sources de financement du développement en opérant une "révolution numérique" en termes de gestion du système national fiscal, en définissant des mécanismes d'exploitation des fonds de la communauté algérienne établie à l'étranger et en favorisant le dialogue pour absorber l'économie parallèle. Quant au président du groupe parlementaire du Mouvement de la société pour la paix, Nacer Hamdadouche, a estimé que le recours au financement non conventionnel "en ce moment et de cette manière" constituait un danger sur l'économie nationale, à travers la hausse de l'inflation et la chute du pouvoir d'achat mais aussi l'augmentation du taux de chômage. Il a affirmé que la conjoncture actuelle n'assurait pas le succès de cette démarche même si on compose une commission pour suivre sa mise en oeuvre, d'autant que le problème se pose au niveau de l'indépendance de cette instance et de son aptitude à jouer son rôle de contrôle avec efficacité. M. Hamdadouche a indiqué que le Plan d'action du Gouvernement avait "reconnu l'existence d'une crise, sans en définir les causes" soulignant dans ce sens "la mauvaise gouvernance", le recul de la production nationale et une politique monétaire erronée, appelant ceux qui ont échoué dans leur gestion à rendre des comptes pour assurer l(aboutissement de tout plan visant a faire sortir le pays de sa crise. De son côté, le président du groupe parlementaire de l'Union "Ennahda-Adala-Bina", Lakhder Benkhellaf, estime que le Plan d'action "manque d'objectifs appréciables et ne définit pas de délais de réalisation et d'évaluation" ajoutant qu'il s'agissait d'un plan d'urgence économique basé sur des politiques et moyens non conventionnels. M. Benkhellaf a considéré que le recours de l'Etat à l'impression de "davantage de billets de banques pour faire face au déficit budgétaire", sans assurer une couverture économique adéquate, auraient des répercussions négatives et catastrophiques. Il préconise, dans ce sens, la révision de la politique de recouvrement fiscal, l'adoption de l'approche des solutions judiciaires dans le traitement des dossiers relatifs à l'évasion fiscale, la lutte contre les fraudeurs, le recouvrement des fonds circulant sur le marché parallèle et le remboursement des crédits octroyés sans garanties. Le président du groupe parlementaire du Front Al-Mostakbal, El Hadj Belghaouti, a indiqué que le financement non conventionnel était considéré comme étant un mécanisme "dangereux", favorisant l'inflation. Pour faire face à la situation financière actuelle, M. Belghouti a proposé de mobiliser les fonds circulants sur le marché parallèle, à travers la création d'une nouvelle monnaie. De son côté, le président du groupe parlementaire du Front des forces socialistes (FFS), Chafaa Bouaich, a appelé à l'adoption d'une vision stratégique et méthodologique quant au traitement de la crise économique, ce qui nécessite la mobilisation de tous les efforts, estimant que la conjoncture actuelle confirmait "l'échec" des politiques précédentes en matière de diversification de l'économie nationale. Il a affirmé, dans ce sens, son rejet du financement non conventionnel, notamment après l'échec de l'emprunt obligataire. Pour sa part, le président du groupe parlementaire du Parti des travailleurs (PT), Djelloul Djoudi, estime que la solution réside en de grands investissements publics générateurs de richesse et d'emplois et la prise de décisions audacieuses concernant le recouvrement fiscal, le recouvrement de la dette impayée et la lutte contre la surfacturation. Le Premier ministre répondra, jeudi matin, aux préoccupations des membres de l'APN avant le vote du Plan d'action. Les députés ont exprimé, trois jours durant, des avis mitigées lors de leur débat du Plan d'action du Gouvernement, notamment en matière de gestion des pressions financières auxquelles fait face l'économie nationale.