La campagne pour les élections des Assemblées populaires communales et de wilaya (APC/APW) de jeudi prochain, qui s'est achevée dimanche, a mis en évidence des thèmes consensuels entre les partis politiques, en relation directe avec la gestion des collectivités locales, mais a été aussi l'occasion de prises de position, parfois contrastées, sur des questions politiques, économiques et sociales. Ainsi, la décentralisation dans la prise de décision dans la gestion des collectivités locales et l'élargissement des prérogatives des élus, pour insuffler une dynamique plus soutenue au développement, se sont affirmés comme des questions centrales qui ont cristallisé un réel consensus entre les partis, durant cette campagne de trois semaines marquée par un discours électoral, dans l'ensemble, assez modéré dans le ton et avec "très peu de dépassements", selon la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (HIISE). Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND, 2ème force politique à l'APN avec 100 sièges), et Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a estimé nécessaire la révision de certaines dispositions du code de la commune et de la wilaya afin de rendre la gestion des collectivités locales "plus performante", dans un cadre décentralisé. Il a relevé, au titre de la relance du développement local, un triplement des dotations budgétaires de l'Etat dans le cadre des plans communaux de développement (PCD), passant de 35 milliards DA à 100 milliards DA en 2018. Il a insisté sur l'importance de préserver ces acquis et poursuivre les programmes de développement socio-économiques engagés par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, promettant que le parti du FLN oeuvrera à sauvegarder les "acquis sociaux". L'ensemble de la classe politique a été unanime sur la préservation de la sécurité et de la stabilité de l'Algérie, une "ligne rouge" que nul n'a le droit de franchir, et sur une forte participation des citoyens aux élections. Le secrétaire général du FLN -parti qui ambitionne de rafler la majorité des APC et des APW- a, d'autre part, mis en avant la "légitimité historique" dont jouit le FLN et son statut de "colonne vertébrale de l'Etat algérien". Sur ce point, le président du MPA a estimé qu'il était temps de "passer de la légitimité révolutionnaire à légitimité démocratique" pour bâtir un "Etat puissant et moderne". Le secrétaire général de l'ANR, Belkacem Sahli, a déclaré, pour sa part, que "la religion, la langue et la légitimité révolutionnaire" sont partagés par tous les Algériens et ne doivent pas être utilisés dans des "surenchères politiques et électorales". Au volet économique, le RND et le MPA ont été parmi les partis qui ont le plus défendu le financement non conventionnel de l'économie, pour éviter un coup d'arrêt à la croissance, dans un contexte de raréfaction des ressources financières du pays induite par une baisse drastique des cours du pétrole. La plupart des formations ont plaidé, en outre, pour une économie de marché, estimant que l'avenir de l'économie nationale passe impérativement par le développement de l'entreprise privée. La secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, a, de son côté, dénoncé ce qu'elle a qualifié de politique "d'austérité" du gouvernement et exprimé son opposition au projet de loi de finances 2018, contenant, selon elle, une orientation générale allant dans un "sens libéral qui tourne le dos au bien-être des franges populaires et favorise la logique de profit". Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS, 14 sièges, plus vieux parti d'opposition), Mohamed Hadj Djilani, a affirmé que sa formation oeuuvrait à édifier un "Etat de droit et de justice sociale" et militait toujours pour un "consensus national" et un "changement pacifique". Le secrétaire général de Talaei El-Houriyet (parti qui participe pour la première fois à une élection), de l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, a appelé au dialogue national et des "élections propres" pour mettre en place les institutions de l'Etat, dont une APN "légitime", de laquelle seront issus un "gouvernement d'union nationale" et une "nouvelle constitution d'entente pour organiser la vie politique du pays". Le président du Front El Moustakbel (14 sièges), Abdelaziz Belaid, a, quant lui, fait de la "moralisation de l'action politique" et du "dialogue national" des crédos de son discours électoral.