Cuba s'apprête à organiser dimanche le premier tour des élections des délégués aux assemblées municipales du Pouvoir populaire, un vote qui préparera d'autres scrutins devant aboutir au remplacement fin février 2018 de Raul Castro, et qui intervient au lendemain de commémorations samedi du premier anniversaire de la mort du père de la révolution cubaine Fidel Castro, selon les médias. A La Havane, se tiendra samedi une veillée devant l'université, alors que le président Raul Castro devrait se déplacer à Santiago de Cuba (sud-est) devant l'imposant monolithe immaculé où reposent les cendres de son aîné, père de la révolution cubaine, Fidel Castro. Ces hommages coïncident avec la tenue dimanche du premier tour des élections des délégués aux assemblées municipales du Pouvoir populaire, un scrutin reporté suite au passage de l'ouragan Irma, qui a fait 10 morts et causé de nombreuses destructions sur l'île en septembre dernier. Le peuple cubain (plus de 300.000 électeurs) élira ainsi ses délégués aux assemblées municipales du Pouvoir populaire. Dans le cas de La Havane, Pedro Viltres Pérez, vice-président de la Commission électorale provinciale, a déclaré à la presse qu'au cours de la première phase de ce test, toute la logistique a été contrôlée : prise en charge matérielle des membres des bureaux, transport, équipement informatique, car, a-t-il dit, le fonctionnement efficace de tous ces maillons permettra d'assurer le bon déroulement de cet exercice de démocratie. Il s'est également félicité du travail de formation effectué dans les 4 233 collèges électoraux, qui appartiennent aux 1 331 circonscriptions de La Havane. Concernant les candidats, Diosbel Rojas, secrétaire de la Commission électorale provinciale, souligne que le nombre de personnes désignées a augmenté (2 233), les femmes (568), représentant 41,32% du nombre total de candidats (1 373), selon le média d'Etat Granma. Le dimanche 30 juin 1974, les premières élections du Pouvoir populaire qui eurent lieu à Cuba commencèrent, à titre expérimental, dans la province de Matanzas. Préparer le remplacement fin février de Raul Catsro Le vote du 26 novembre donnera le coup d'envoi d'une série de scrutins devant aboutir, fin février, au remplacement de Raul Castro, 86 ans, à la tête du pays où son frère Fidel reste très présent dans les esprits, et les médias d'Etat ne manquent pas de rappeler chaque jour ses exploits, discours et écrits. Dans les rues, panneaux et inscriptions ornant les murs, qui célèbrent "Fidel entre nosotros" ("Fidel parmi nous"), ou "Fidel vive" ("Fidel vit"), pullulent à l'approche du premier anniversaire de son décès à l'âge de 90 ans. Président depuis 2008 après un intérim de deux ans, Raul Castro a annoncé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat et cèderait sa place à un dirigeant de la nouvelle génération. Pour l'heure c'est son premier vice-président et numéro deux du gouvernement, Miguel Diaz-Canel, 57 ans, qui doit lui succéder. Né après la révolution, cet apparatchik aura la lourde tâche de fédérer autour de sa personne, consolider les acquis de la révolution et poursuivre la transition économique esquissée par Raul Castro. Ce dernier restera à la tête du Parti communiste cubain (PCC) jusqu'au prochain congrès prévu en 2021. Pour guider son successeur, Raul Castro s'est chargé de lui dessiner des "lignes directrices" votées par le parti et le Parlement. Celles-ci donnent "les orientations politiques et économiques" à mener d'ici 2030, avec pour objectifs la consolidation du pouvoir et la poursuite de l'actualisation d'un modèle économique "obsolète". Elections sur fond de situation économique reculée Au cours de l'année écoulée, les Cubains ont vu la situation économique de leur pays reculer notamment sous l'effet de la baisse des livraisons pétrolières vénézuéliennes, et le rythme des réformes s'est brusquement ralenti. Après une année 2016 marquée par un recul du PIB de 0,9%, l'Etat projetait une croissance de 2% pour 2017, mais ce chiffre a été ramené à 1% en juillet, alors que la Cepal, commission économique de l'ONU pour la région, vise les 0,5%. Ces évaluations ont été publiées avant le passage d'Irma, dont les dégâts occasionnés dans les secteurs du tourisme et surtout de l'agriculture n'ont toujours pas été officiellement chiffrés par les autorités. En parallèle, l'administration américaine de Donald Trump a durci le ton vis à vis de La Havane, qui risque de pâtir de nouvelles restrictions visant le commerce et les voyages des Américains sur l'île. En août, le gouvernement cubain a donné un coup de frein à l'initiative privée en suspendant indéfiniment l'octroi de licences pour une trentaine d'activités dans le but de lutter contre les fraudes dans ce secteur qui emploie 20% des actifs du pays. Selon l'ancien diplomate et universitaire cubain Carlos Alzugaray, le pays accumule des "retards" dans les domaines de la décentralisation, de l'ouverture de l'économie au secteur privé et de l'unification monétaire, réforme attendue depuis plusieurs années.