Le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, a considéré la visite mardi à Bruxelles de l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies au Sahara occidental, Horst Kohler, comme "une chance" pour l'UE de "repenser son approche" vis-à-vis du Sahara occidental. "Je salue la visite aujourd'hui de Horst Kohler. Cette visite est l'occasion pour l'UE de repenser son approche vis-a-vis du Sahara occidental en jouant un rôle véritablement constructif et en agissant de bonne foi pour soutenir les efforts de l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour relancer le processus politique", a-t-il déclaré à l'APS. L'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU est depuis mardi en visite de travail aux institutions de l'UE à Bruxelles. Après des entretiens avec la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, sur la relance du processus de paix de l'ONU au Sahara occidental, l'ancien président allemand devait également s'entretenir avec les commissaires européens à la coopération internationale, à l'aide humanitaire et à la réaction aux crises, Cristos Stylianidis et celui chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations de l'élargissement, Johannes Hahn. Réaffirmant le soutien du Front Polisario aux efforts de l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour relancer le processus politique au Sahara occidental, Mohamed Sidati a indiqué avoir fait part à M. Kohler de ses "graves préoccupations concernant les actions de l'UE qui menacent les chances d'un véritable règlement politique" du conflit du Sahara occidental. Le ministre sahraoui délégué pour l'Europe a cité, à ce titre, "le refus de l'UE de s'engager de manière constructive avec les deux parties (Maroc et Front Polisario) dans le processus politique de l'ONU". M. Sidati a regretté également l'attitude de l'UE qui "n'a manifesté aucune réelle volonté politique de revoir son soutien à l'occupation illégale et brutale du Sahara occidental par le Maroc, encore moins d'éviter toute mesure qui menace de saper les chances d'un véritable règlement politique". Il a rappelé, dans ce contexte, que juste avant l'arrivée de M. Kohler, la Commission européenne a annoncé l'ouverture prochaine de négociations avec le Maroc sur un nouveau protocole de pêche sans attendre le verdict de la Cour européenne de justice (CJUE) sur la légalité du protocole de pêche actuel. "Le Polisario considère cela comme un signal clair et délibéré de la Commission et témoigne de l'absence de volonté à soutenir le processus politique mené par l'ONU", a-t-il affirmé, soulignant que "de telles actions ne font que menacer les chances d'une paix durable au Sahara occidental". Le ministre sahraoui délégué pour l'Europe a dénoncé, en outre, le non respect de l'UE de la décision de la CJUE rendue en décembre 2016 en oeuvrant pour la modification des accords commerciaux avec le Maroc pour inclure le territoire du Sahara occidental, en violation manifeste du droit européen. "En tant que représentant légitime du peuple sahraoui, le Front Polisario condamne fermement toutes les activités en cours visant à contourner le consentement légal du peuple sahraoui, réaffirmé en vertu du droit de l'UE et de ses droits humains fondamentaux", a-t-il ajouté.