Moscou a réitéré mercredi sa non implication dans l'affaire de l'empoisonnement, le 4 mars dernier au Royaume-Uni, de l'ex-agent double russe Skripal et de sa fille, dénonçant une "campagne contre la Russie" à quelques jours de l'élection présidentielle et à moins de trois mois de la coupe du monde de football. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a réaffirmé, ce mercredi à la presse, que la Russie "n'est en aucune manière liée à cette affaire", indiquant que Moscou "n'acceptera pas les accusations absolument infondées contre elle, qui ne sont étayées par aucune preuve, et n'acceptera pas le langage de l'ultimatum". Il a toutefois précisé que la Russie est "ouverte à toute coopération pour enquêter sur l'incident, mais malheureusement, les Britanniques ne montrent pas cette volonté". L'escalade verbale entre les deux capitales a atteint son paroxysme mardi, lorsque le ministère russe des Affaires étrangères a averti, dans un communiqué, que les menaces britanniques d'imposer des sanctions contre la Russie, "ne resteront pas sans réponse". De son côté, la porte-parole de la Diplomatie russe, Maria Zakharova, a déclaré à la chaine de télévision Rossiya-1, que "tous les médias britanniques exerçant en Russie, risqueront d'être fermés", si la chaîne de télévision RT au Royaume-Uni venait à être fermée. Elle réagissait en fait à un appel de quelques parlementaires britanniques qui ont suggéré au gouvernement britannique d'imposer des mesures restrictives à la chaîne de télévision RT allant jusqu'à lui retirer ses licences de diffusion au Royaume Uni. Réactions russes tous azimuts La réponse russe aux déclarations de Londres concernant l'affaire "Skripal" ne s'est pas fait attendre, et a émané de différentes sphères de l'Etat. Le chef de la Commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération (équivalent du sénat russe), Constantin Kosachev, avait qualifié d'"inacceptables" les propos du ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, qui avait pointé du doigt la Russie au lendemain de l'incident. "Les propos de Boris Johnson sont inacceptables dans la situation actuelle, où même la police britannique ne considère pas encore l'incident comme une attaque terroriste", a-t-il dit. L'ambassade de Russie à Londres a regretté, quant à elle, "les accusations sans fondement, puisque proférées avant les conclusions de l'enquête", déplorant qu'"au lieu d'une explication officielle sur cette question, le ministre des Affaires étrangères ait décidé de menacer la Russie de représailles. Il semble que le scénario d'une campagne antirusse ait déjà été écrit." L'Administration présidentielle russe a quant à elle estimé qu'il s'agissait d'un problème intérieur britannique, puisque la victime était un agent "ayant travaillé pour les services spéciaux britanniques", que l'accident avait eu lieu au Royaume-Uni et que cela ne concernait par conséquent ni son gouvernement ni son pays. "Tirez les choses au clair de votre côté et nous en parlerons ensuite", a répondu le Président de la Fédération Russie, interrogé par la BBC. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, a pour sa part dénoncé une campagne antirusse, alimentée non seulement par la menace de boycotter la Coupe du Monde de football 2018 brandie par M. Johnson, mais également par l'allocution de Theresa May devant les parlementaires britanniques. Une allocution qu'elle a d'ailleurs qualifiée de "campagne politique basée sur la provocation". Aux accusations de Mme May, le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma, Léonid Sloutski, a répondu qu'"il n'y a pas de preuves, mais il est commode d'accuser la Russie de tout". Selon la presse russe, des officiels russes avaient averti à plusieurs reprises qu'avant le début de la Coupe du Monde de la FIFA en Russie, "des médias occidentaux allaient lancer une campagne de grande ampleur dans le but de discréditer la Russie et miner la confiance dans le pays hôte de cet événement sportif". De son côté, le représentant permanent russe auprès de l'UE, Vladimir Tchijov, dans sa réponse aux accusations de l'implication de Moscou dans l'"affaire Skripal", a indiqué dans une interview à Euronews, que la Russie "ne se laissera pas intimider par Londres" qui, selon lui, "ferait mieux d'agir en conformité avec la convention sur l'interdiction des armes chimiques". Pour rappel, Londres a accusé Moscou d'implication dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, "sans toutefois présenter de preuves tangibles pour appuyer ses allégations", ont estimé les autorités russes. Le 4 mars dernier, Sergueï Skripal et sa fille ont été retrouvés inconscients aux abords d'un centre commercial de Salisbury, une petite ville à 150 km de Londres, puis ont été hospitalisés. Le 7 mars, Scotland Yard a confirmé que Skripal et sa fille avaient été exposés à un agent neurotoxique.