Ce ne sont pas les spécialistes du laboratoire militaire de Porton Down qui ont déterminé le pays où a été fabriquée la substance neuro-paralytique ?-234 avec laquelle ont été empoisonnés l'ex-agent du renseignement militaire russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia. C'est ce qu'a déclaré le directeur de Porton Down Gary Aitkenhead. Nous avons identifié la substance neuro-paralytique de classe militaire, mais nous n'avons pas déterminé son origine exacte. L'information a été présentée au gouvernement, qui a tiré ses conclusions en utilisant les données transmises par plusieurs autres sources", a expliqué le directeur du laboratoire britannique Porton Down Gary Aitkenhead. Le chercheur a souligné que la détermination de l'origine de la substance nécessitait des informations, et notamment des renseignements auxquels le gouvernement bénéficiait d'un accès, informe le journal Kommersant. Il a noté que l'objectif des chercheurs était de découvrir de quelle classe était la substance, mais que les scientifiques ne pouvaient pas parler de son lieu de fabrication. Gary Aitkenhead a confirmé que la fabrication de cette substance était extrêmement difficile et nécessitait des "méthodes extrêmement complexes" auxquels n'ont accès que les gouvernements, pas des particuliers. Il a ajouté que les experts cherchaient à découvrir des informations supplémentaires susceptibles de confirmer l'origine de la substance. Gary Aitkenhead n'a pas dit si les chercheurs britanniques planchaient sur l'élaboration de ?-234, mais il a souligné que la substance qui avait servi à l'empoisonnement n'avait pas pu être fabriquée à Porton Down. Le ministère britannique des Affaires étrangères a confirmé que les conclusions sur l'implication de la Russie avaient été tirées par le gouvernement à partir des informations des renseignements. Pour leur part, les experts de Porton Down ont seulement identifié la substance utilisée à Salisbury. Le ministère a souligné que selon les informations à disposition des autorités britanniques, "la Russie voyait certains anciens agents comme des cibles". Ce sont ces informations qui ont permis aux autorités britanniques de tirer leurs conclusions. Selon le porte-parole du président russe Dmitri Peskov, les propos de Gary Aitkenhead ne font que confirmer le caractère infondé des accusations "insensées" de Londres. "Ce marasme est allé trop loin, ajoute-t-il. Mais la Russie est consciente du fait que cette histoire ne se résorbera pas rapidement. Leur théorie ne se confirmera pas quoi qu'il arrive, parce qu'il est impossible de la confirmer", a déclaré Dmitri Peskov. Vladimir Poutine espère que pendant la session de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) le 4 avril, "on mettra définitivement un point final à ce qui s'est passé". L'ambassade de Russie à Londres est également convaincue que les propos du directeur du laboratoire confirment que "toutes les déclarations politiques concernant un prétendu crime commis par la Russie sont des déductions et du bluff". La mission diplomatique fait remarquer que Gary Aitkenhead n'a pas confirmé que la substance neuro-paralytique avait été produite dans le laboratoire, mais ne l'a pas nié non plus. Par ailleurs, les diplomates affirment que le ministère britannique des Affaires étrangères a ignoré la requête de la Russie de rencontrer Gary Aitkenhead ou ses collègues. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a souligné qu'elle ne serait pas surprise si "toute cette brillante équipe déclarait que tous leurs discours étaient un résultat du piratage du studio Disney par des hackers russes".
"20 pays environ" peuvent produire cet agent toxique Evoquant l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal, le Président russe a affirmé que des agents similaires au gaz A234 pouvaient être produits dans une vingtaine de pays. Lors d'une conférence de presse conjointe donnée à Ankara, les dirigeants russe et turc ont, entre autres, évoqué l'affaire de l'ex-agent double Sergueï Skripal. A cette occasion, Vladimir Poutine a fait part de son avis. "Comme vous le savez, moi-même ai appris la nouvelle [de l'incident de Salisbury] des médias. Je veux seulement ajouter que selon les informations d'experts internationaux, 20 pays environ peuvent produire des agents neurotoxiques de ce genre [comme le gaz A234]", a souligné le chef de l'Etat russe. M. Poutine s'est dit étonné de la vitesse avec laquelle la campagne antirusse autour de l'affaire Skripal avait été lancée, vu que l'origine de l'agent toxique responsable de l'empoisonnement n'est toujours pas déterminée. "Scotland Yard, comme on le sait, a officiellement déclaré qu'il lui faudrait au moins deux mois pour conduire une enquête approfondie", a-t-il expliqué, soulignant que le directeur général du laboratoire de Porton Down, situé à huit km du lieu de l'incident, avait tout récemment annoncé dans un entretien accordé à Sky News que ses employés n'avaient pas pu déterminer le pays d'origine [de l'agent toxique]. "Ils ne sont pas parvenus à prouver que l'agent avait été produit en Russie", a souligné M.Poutine. "La vitesse avec laquelle la campagne antirusse a été déclenchée ne peut alors qu'étonner." Le dirigeant a ajouté que l'intérêt de la Russie était qu'une enquête complète soit menée sur l'affaire Skripal et a demandé à y avoir accès. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a par la suite affirmé que le gouvernement britannique devrait présenter ses excuses à Moscou parce qu'il est impossible de prouver la théorie de Londres concernant l'affaire Skripal. Le 4 mars dernier, Sergueï Skripal et sa fille Ioulia ont été retrouvés inconscients aux abords d'un centre commercial de Salisbury. Une semaine plus tard, la Première ministre britannique, Theresa May, a accusé la Russie d'être derrière l'empoisonnement des Skripal, sans toutefois présenter de preuves tangibles pour appuyer ses allégations, avant d'expulser 23 diplomates russes du Royaume-Uni. Par la suite, 18 pays de l'UE ainsi que les Etats-Unis, le Canada, la Norvège, l'Ukraine, l'Albanie, le Monténégro et la Moldavie ont annoncé leur décision d'expulser des diplomates russes dans le cadre de l'affaire Skripal. Selon les récentes informations, Ioulia Skripal est sortie du coma et son état s'améliore. Mais les diplomates russes se voient refuser de lui rendre visite bien qu'elle soit citoyenne russe. L'OIAC mène également sa propre enquête sur l'"affaire Skripal". Moscou tente d'obtenir un accès aux résultats. Le ministère russe des Affaires étrangères a envoyé à l'organisation une liste de 13 questions sur l'enquête. La même requête avait été envoyée plus tôt en France et au Royaume-Uni.