Les représentants britanniques à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont jugé «perverse» l'offre de Moscou qui propose l'ouverture d'une enquête conjointe sur l'empoisonnement de l'ancien agent russe Sergueï Skripal. La délégation a publié sur Tweeter à l'occasion d'une réunion du conseil exécutif de l'OIAC organisé à la demande de la Russie mercredi à La Haye, que l'offre de coopération russe est «une tentative de diversion et de désinformation visant à éluder les questions auxquelles les autorités russes doivent répondre». Intervenant à cette réunion, le ministre adjoint russe de l'Industrie et du Commerce, Georgi Kalamanov, a indiqué que «Moscou désirait fortement renforcer la collaboration avec Londres dans le cadre de l'incident de Salisbury, mais la partie britannique continue à éviter toute sorte de coopération avec nous». Le 4 mars dernier, l'ex-agent double Serguei Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia 33 ans ont été retrouvés inconscients aux abords d'un centre commercial de Salisbury, au Royaume-Uni. Quelques jours après, la Première ministre britannique, Theresa May, a accusé la Russie d'être derrière l'empoisonnement des Skripal, sans présenter de preuves pour appuyer ses accusations. Moscou a nié son implication dans cet incident. A la suite de ces allégations, 23 diplomates russes ont été expulsés du Royaume-Uni, puis plus d'une centaine d'autres de 18 pays en signe de solidarité avec Londres. Moscou a pour sa part expulsé des diplomates de ces pays. La crise diplomatique entre Londres et Moscou se poursuit, alors que le chef du laboratoire militaire britannique de Porton Down a annoncé mardi ne pas avoir pu établir si le Novitchok, agent innervant utilisé contre Skripal, avait été produit en Russie. Le ministre des Affaires étrangères britannique, Boris Johnson, avait déclaré à une chaîne de télévision allemande le 19 mars, que les scientifiques du laboratoire de Porton Down étaient «catégoriques» quant à l'origine russe de la substance utilisée dans l'attaque de Salisbury le 4 mars. Boris Johnson, avait certifié dans un message publié le 20 mars sur le compte tweeter du Foreign Office, cette même information. «L'analyse par des experts de renommée mondiale du laboratoire de science et technologie de la Défense à Porton Down a montré clairement qu'il s'agissait d'un agent neurotoxique de qualité militaire produit en Russie», avait-il écrit dans son message. Après l'annonce faite hier par Porton Down, le message avait été supprimé et l'opposition britannique a accusé Boris Johnson d'avoir menti sur la responsabilité russe dans l'affaire Skripal. Cité par The Guardian, le leader de l'opposition, chef du Labour Party, Jeremy Corbyn, a demandé des explications au chef de la diplomatie britannique sur cette question. Pour rappel, l'OIAC a effectué des prélèvements à Salisbury et les résultats de leurs analyses devraient être communiqués la semaine prochaine. Si la Russie n'est pas associée à ces analyses, elle en récusera les conclusions, a averti son représentant auprès de l'organisation, cité par les médias britanniques. Le président russe Vladimir Poutine a, pour sa part, appelé à arrêter d'infliger un préjudice aux relations internationales, ajoutant qu'il s'attendait à ce que «le bon sens l'emporte» dans l'affaire Skripal.