L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, qui avait servi d'intermédiaire entre le régime libyen et Nicolas Sarkozy pour le financement de sa campagne présidentielle, a estimé mercredi que la garde à vue de ce dernier est "logique". Intervenant sur les ondes de RTL, Ziad Takieddine, mis en examen dans cette affaire, a déclaré que la garde à vue de l'ancien président français était "logique" et "normale". "La garde à vue de Nicolas Sarkozy est logique, normale. Pour une fois, la justice est déterminée à aller jusqu'à la vérité. Il faut que la justice aille jusqu'au bout des choses pour rechercher la vérité autour de cette guerre et avant la guerre avec la Libye", a-t-il dit. Nicolas Sarkozy est placé en garde à vue, depuis mardi, dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre (banlieue de Paris) et pourra être mis en examen dans le cadre de l'enquête sur le financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Il a été autorisé, mardi à minuit, de rentrer chez lui et de revenir mercredi à 8h00. Ziad Takieddine, qui avait ses réseaux dans le monde arabe, avait introduit Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, auprès de Mouammar Kadhafi en 2005. En 2016, il avait déclaré dans une vidéo à Mediapart et Premières Lignes qu'il avait remis trois valises de billets d'un montant total de 5 millions d'euros à Claude Guéant, alors directeur du cabinet du ministre, et Nicolas Sarkozy, fin 2006 et début 2007. Les informations publiés par Médiapart avaient fait état, sur la base du journal personnel de l'ancien Premier ministre libyen, Choukri Ghanem, retrouvé noyé à Vienne, dans lequel ce dernier parle d'une somme de 1,5 million d'euros à Sarkozy et d'une autre envoyée par Saïf el-Islam, fils de Kadhafi, de 3 millions d'euros. Le beau-frère de Kadhafi, Abdellah Senoussi a également envoyé à Sarkozy 2 millions d'euros. Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri étaient chargés d'acheminer ces sommes pour les remettre à destination. Une note signée par le chef des services libyens, Moussa Koussa faisait état d'un accord de principe pour verser 50 millions d'euros en soutien à la campagne de Nicolas Sarkozy, mais sur cette somme promise, selon les auteurs de l'ouvrage "Avec les compliments du Guide", (Fayard, 2017), 20 millions auraient été donnés directement à Boris Boillon et à Claude Guéant en espèces, citant un ancien cadre libyen qui a témoigné devant la police. L'ancien président français pourrait être déféré devant un juge pour une mise en examen, si de "graves et concordants" indices de son implication dans le financement illicite de sa campagne sont avérés.