Après ses déclarations sur la remise de 5 millions d'euros d'argent libyen au camp Sarkozy quelques mois avant sa victoire à la présidentielle de 2007, et afin d'être entendu par le juge d'instruction, l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine est arrivé mercredi au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris. Ziad Takieddine risque une mise en examen dans l'enquête ouverte depuis 2013 sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Il peut également ressortir sous le statut de témoin assisté, plus favorable, à l'issue de son audition chez le juge Serge Tournaire. "Il est temps qu'on fasse la lumière sur tout, et à la justice de le faire", a déclaré Ziad Takieddine à son arrivée au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, vers 09h30. Mi-novembre, à cinq jours du premier tour de la primaire des Républicains, l'intermédiaire, déjà mis en examen dans le dossier Karachi, a refait surface avec des déclarations explosives visant le camp Sarkozy. Dans un entretien filmé et diffusé par Mediapart, il a affirmé avoir personnellement remis à Claude Guéant, alors directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, et au futur chef de l'état lui-même cinq millions d'euros dans trois valises en provenance du régime libyen de Khadafi. Les anciens occupants de la place Beauvau ont farouchement nié ces accusations et mis en cause la crédibilité de l'homme d'affaires. L'épisode, qu'il raconte, vient selon lui confirmer les déclarations en 2012 de l'ancien chef des services de renseignement libyen Abdallah Senoussi, lors d'une audition dans le cadre de poursuites de la Cour pénale internationale. Il avait alors affirmé avoir "personnellement supervisé" le transfert de cinq millions d'euros "pour la campagne du président Nicolas Sarkozy en 2006-2007", selon des éléments de l'enquête. Takieddine affirme avoir été missionné par Senoussi pour convoyer l'argent, selon le but qui lui a été présenté à l'époque, la coopération entre services de renseignement français et libyen. Lors de ses précédentes auditions, Ziad Takieddine avait indiqué avoir eu tardivement la confirmation de l'existence de versements entre la Libye et la France en vue d'un financement occulte, mais il ne s'était pas impliqué dans des remises de fonds. Dans cette affaire, les juges disposent de plusieurs témoignages, non étayés, d'ex-hauts responsables du régime libyen et de protagonistes évoquant un financement de la campagne de Sarkozy. Leurs investigations portent sur des flux financiers impliquant des protagonistes liés à l'ancien régime de Kadhafi.