"Chaque entraîneur doit faire passer à ses joueurs des tests physiques pour connaître la forme de chacun d'entre eux. A partir de là, il pourrait prévoir l'organisation d'un microcycle d'une semaine ou plus pour permettre à ses éléments d'être au top physiquement. Pendant l'intersaison, l'entraîneur suit un calendrier de préparation physique bien organisé, en soumettant progressivement ses joueurs à une charge de travail qui va crescendo. Pendant la trêve hivernale ou encore pendant une pause internationale, le joueur ne doit pas être soumis à un travail de fond, le technicien doit se contenter de réglages pour préserver la forme physique des joueurs", a indiqué à l'APS Taoufik Korichi, ancien Directeur technique national (DTN) de la Fédération algérienne de football (FAF) et enseignant à l'Institut supérieur des sciences et technologie du sport d'Aïn Bénian (Alger). Korichi, qui occupe actuellement le poste de Directeur technique sportif (DTS) au NA Husseïn-Dey (Ligue 1), a souligné que les entraîneurs sont parfois confrontés à des "imprévus" pouvant mettre en péril tout un travail. "En Algérie, les entraîneurs sont confrontés parfois à des arrêts de longue durée, comme ce fut le cas la saison dernière quand certaines équipes sont restées loin de la compétition pendant 50 jours, ce qui constitue un grand problème pour les techniciens. Dans des cas pareils, le joueur doit impérativement bénéficier d'un repos avant de reprendre le travail". Korichi a déploré l'inexistence --ou presque-- d'infrastructures dignes de quoi permettre aux sportifs algériens de se préparer dans les meilleures conditions. "La majorité de nos clubs préfèrent effectuer leur préparation à l'étranger, notamment en Tunisie, vu qu'ils bénéficient sur place des meilleures conditions : terrains, hôtels de luxe et surtout sparring-partners. Algérie, il existe des endroits magnifiques pour une meilleure préparation, je cite notamment la région d'El-Kala (Est), mais nous avons un énorme déficit sur le plan des infrastructures. Malheureusement, il n'existe pas pour le moment une volonté politique de prendre en charge ce côté important dans la préparation de l'athlète de haut niveau". De son côté, Ali Maânceri, entraîneur de l'équipe nationale de natation des moins de 18 ans dont les athlètes, en stage au Centre de regroupement et de préparation de Souïdania (Alger), ont été mis récemment à la porte en raison de l'arrivée des délégations étrangères ayant participé au 3e Championnat méditerranéen de lutte, a mis l'accent sur la nécessité d'une préparation "optimisée pour permettre au nageur de se mettre en valeur". "En natation, les stages se font essentiellement à l'approche des compétitions importantes. L'athlète est soumis à un travail lactique, en référence aux efforts courts et intenses sollicitant la voie anaérobie, une manière de le pousser à atteindre sa forme optimale. A l'approche des rendez-vous majeurs, la charge de travail baisse d'intensité, avec un programme basé sur la récupération (...) Nous sommes en train de nous préparer en vue des Jeux africains de la jeunesse (JAJ-2018), mais en l'absence de piscines opérationnelles, il sera difficile de s'illustrer", a-t-il regretté. Et d'enchaîner : "Je m'occupe actuellement de l'équipe nationale juniors et le gros du travail se fait pendant les vacances et le week-end, puisque les athlètes sont scolarisés et ne peuvent pas s'entraîner durant la semaine scolaire". Performance : ce que prévoit la méthodologie du sport Quant à Abdelmalik Lahoulou, médaillé d'or aux Jeux africains 2015 à Brazzaville sur le 400 m haies, il a cité à titre d'exemple sa préparation en vue notamment des Jeux méditerranéens 2018 de Tarragone (Espagne) et des Championnats d'Afrique à Asaba (Nigeria). "C'est difficile de se préparer pour ce genre de rendez-vous en l'absence de moyens, notamment sur le plan de la récupération. Par exemple, une séance de cryothérapie (immersion dans un environnement extrême à -150 degrés, ndlr), nécessaire pour éviter les blessures et les micro-déchirures, revient à 6.000 dinars, et devrait se faire trois fois par semaine en pleine période de pré-compétition, ce qui est difficile à réaliser". "Je viens d'effectuer un stage de 31 jours en compagnie de Romaïssa Belabiod (100 m haies et longueur) et Issam Nima (triple saut) à Doha (Qatar), où nous avons bénéficié de moyens de haut niveau. C'est là où réside la différence entre se préparer en Algérie et à l'étranger, mais l'athlète algérien a souvent surpassé ces difficultés grâce à sa volonté et sa grinta pour aller chercher les bons résultats". Selon des spécialistes de la préparation physique de haut niveau, il n'existe pas de méthode miracle permettant à un sportif de devenir un "Superman". Cependant, certaines étapes sont indispensables pour l'élaboration d'une planification, dans le but d'optimiser au maximum le potentiel de l'athlète et de lui donner la chance de s'exprimer du mieux que possible. Le travail physique est là pour améliorer l'efficience de l'entraînement et non pour fatiguer les joueurs inutilement. La qualité passe à un moment par des efforts plus brefs que ceux de la compétition, même si ces efforts sont répétés. La préparation des sportifs afin d'être optimale, nécessite la mise en place de tests médicaux et physiques. Il faut en premier lieu établir une batterie de tests fonctionnels de mobilité, stabilité et patterns de mouvements afin d'établir une cartographie du joueur. Puis viennent les tests physiques qui possèdent la même origine, l'analyse de l'activité, autrement dit, les efforts que cette dernière implique. Une fois cette étude réalisée, le tour sera à l'évaluation des sportifs pour déterminer les points forts, les points faibles, les déséquilibres et les déficits de chacun. Au préalable, afin de planifier le travail à effectuer, il est indispensable de réaliser de nombreux tests physiques afin d'étalonner le niveau de performance du joueur, et ce, dans un souci de progression et d'individualisation, selon la méthodologie du sport. Ces évaluations permettent d'orienter le travail de préparation afin de développer les qualités physiques, mais aussi prévenir l'apparition d'éventuelles blessures. L'individualisation du travail, grâce aux tests, est obligatoire car aucun athlète n'est semblable et ne possède le même potentiel physique, ni les mêmes qualités qu'un autre. Les tests mis en place en début de préparation vont donc permettre de savoir d'où l'on part afin d'orienter l'entraînement.