Un large débat s'est enfin engagé concernant le pourquoi et le comment de la dégradation continue, et de plus en plus rapide et soutenue, du niveau du football national. En fait, les raisons en sont profondes, complexes et multiples. Les questions que l'on peut se poser en matière de médecine du sport sont très simples : 1- Nos joueurs de l'élite sont-ils conformes aux normes ? 2- Méritent-ils, même pour les meilleurs d'entre-eux, le titre d'athlètes ? 3- Quelles procédures sont utilisées pour leur recrutement au sein de nos clubs de D1 ou de D2, et même au sein de nos équipes nationales ? 4- Pourquoi et comment nos meilleurs footballeurs, ornés de superlatifs sans fin lors des compétitions nationales, n'arrivent plus à se hisser au niveau de leurs incontournables adversaires africains ? Les méthodes modernes d'entraînement privilégient la condition physique qui doit se mettre au service de la technique pour pouvoir pratiquer le football de haut niveau. La performance en football est la résultante de plusieurs facteurs parmi lesquels, les facteurs génétiques, psychologiques, technico-tactiques et physiologiques. la pratique du football de haut niveau fait appel à certaines qualités dont : la vitesse : indispensable pour les attaques, les contre-attaques et même la défense. la force explosive des membres inférieurs : utile pour les détentes et les tirs de ballon. la capacité aérobie : qui permet au joueur de maintenir un rythme élevé pendant les 90 minutes et parfois plus, d'un match. Utile également pour une meilleure récupération entre les actions. Pour atteindre les objectifs fixés, différentes épreuves peuvent être réalisées, aussi bien en laboratoire que sur le terrain au cours desquelles différents paramètres sont recueillis. La tendance observée entre le manque de succès d'une équipe et le nombre de jours manqués par les joueurs pour cause de blessure suggère qu'une stratégie efficace de prévention des blessures et de réadaptation, suite aux traumatismes, peut jouer un rôle dans le succès d'une équipe. En matière de médecine du football, l'objectif est avant tout d'optimiser la performance, de minimiser les problèmes de blessures, de proscrire tout dopage et d'éviter les problèmes à l'entraînement ou à la compétition. Réaliser cet objectif nécessite aussi que le médecin responsable de l'équipe s'entoure d'une « équipe » de spécialistes médicaux. Cette équipe peut comporter des médecins internistes, neurologues, chirurgiens, orthopédistes, ostéopathes, nutritionnistes, psychologues du sport, physiologistes, podologues et chercheurs. Tous ensemble, ces experts seront employés à mieux comprendre et exécuter un programme préétabli qui aboutira aux buts à atteindre. L'aspect pratique du suivi médical est représenté par la préparation à la performance et la prévention, et la prise en charge des traumatismes. Cela va de pair avec la mission à long terme d'aider à optimiser le développement et les facultés compétitives du footballeur. Evaluation médicale : Les programmes de tests spécifiques au football sont conçus dans le but de déterminer le profil médical et physique de chaque joueur et d'identifier ses points forts et ses faiblesses. Ces profils pourront être utilisés pour évaluer objectivement les effets de l'entraînement spécifique et des programmes d'actions et pour contrôler et évaluer les progrès des joueurs blessés au cours de la réhabilitation de leur lésion. Examen de la fonction ostéo-musculaire du joueur : L'examen médical est conduit à travers cinq ou six ateliers : anthropométrie et masse graisseuse, épaule et membres supérieurs rachis, hanche, genou, cheville et pied. Tous ces examens sont avant tout cliniques et peuvent être réalisés sans aucun matériel technique sophistiqué. Les mensurations corporelles (biométrie et impédancemétrie), comme le poids, la taille, les mesures du tronc et des membres sont les paramètres de base en relation avec la capacité de performance et la possibilité de blessures. L'évaluation de la masse graisseuse et de la masse hydrique peuvent donner des indications sur l'état de préparation d'un joueur. En général, de hauts pourcentages de masse graisseuse mènent à une diminution de la résistance et de la performance. Prévention : l'examen cardio-vasculaire Il sera réalisé au mieux, selon les recommandations de Lausanne (sous l'égide de la commission médicale du CIO du 10 décembre 2004). Ces recommandations ont pour objet d'identifier, le plus précisément possible, les athlètes à risques afin de les informer en conséquence. Questionnaire soumis par le praticien qui effectue l'examen : . Antécédents personnels. . Antécédents familiaux. . Examen clinique. .-Examens complémentaires : L'électrocardiogramme (ECG) à 12 dérivations (au repos). Les joueurs dont les antécédents personnels sont positifs ou qui risquent de par leurs antécédents familiaux d'avoir hérité d'une maladie cardiaque, ou dont l'examen clinique et l'ECG sont démonstratifs ou suspects à l'issue de l'étape 1, devront subir un examen complémentaire par un cardiologue avant de pouvoir pratiquer : . une échocardiographie trans-thoracique.un test d'effort maximum et un enregistrement ECG de 24 heures. . Un dépistage non-invasif réalisé parmi les membres de la famille qui peut fournir de précieuses informations sur les maladies cardiovasculaires héréditaires. Ce bilan sera complété par des examens biologiques sanguins et urinaires et par le contrôle et la mise à jour du calendrier des vaccinations. Dans certaines conditions et selon le risque encouru, d'autres examens cliniques et biologiques pourront être pratiqués. Rapport des blessures : Une conception uniformisée de l'évaluation des traumatismes sportifs fournirait non seulement d'importantes informations d'ordre épidémiologique, mais serait également la base du développement d'un programme de prévention des blessures et de l'opportunité de suivre les changements à long terme de la fréquence, de la sévérité et des circonstances de survenue des blessures.En outre, les rapports de blessures peuvent être considérés comme facteurs de prévention, car ils permettent une prise de conscience du problème de fond. Evaluation de la performance : Le programme d'évaluation de la performance dont nous donnons ici les grandes lignes, consiste en une série de tests conçus pour évaluer les capacités physiques fondamentales des joueurs de football. Dans le but de permettre une application la plus large possible de ce programme d'évaluation, nous ne ferons que citer les procédures plus ou moins sophistiquées de laboratoire. Après l'évocation de la pertinence et des nécessités des tests, nous proposerons une « batterie » de tests de terrain, valables et spécifiques au football qui permettra d'évaluer la performance. Sur la base des performances compétitives actuelles, trois composantes essentielles méritent d'être testées : la puissance explosive, le sprint et l'agilité, ainsi que l'endurance aérobie et anaérobie. Les tests de flexibilité (souplesse) font partie en général de l'évaluation médicale de pré-saison. Il est clair que toute évaluation de joueur en pré-saison devrait être précédée et valorisée par un examen médical attentionné. Pertinences : Les matches de compétition offrent le meilleur terrain possible pour tester les capacités techniques, tactiques, physiques et psychologiques d'un joueur. Cependant, il reste difficile de comparer la performance entre joueurs lors d'un match, car aucun match ne ressemble à un autre. Il est également difficile d'isoler et d'évaluer différentes capacités et qualités sur la base de l'observation d'un match. Ainsi, des deux points de vue du joueur et de l'entraîneur, il y a de nombreuses bonnes raisons de tester les plus appropriées des capacités physiques fondamentales. Du point de vue du joueur, celles-ci sont : — Evaluer l'aptitude d'un athlète à participer au match. — Utiliser tout progrès à un test physique à des fins de motivation pour améliorer encore plus la forme physique. — fournir au joueur tout renseignement concernant ses forces et ses faiblesses. — Vérifier qu'un joueur est revenu à ses valeurs de base originales après une blessure. Du point de vue de l'entraîneur, il y a aussi de nombreuses raisons d'effectuer des tests, comme : — Améliorer la prise de conscience du joueur vis-à-vis des objectifs de l'entraînement physique et de l'évaluation. — Observer les effets d'un entraînement spécifique. — Concevoir et évaluer l'efficacité des micro et macrocycles d'entraînement sur une base annuelle. Ensemble, les tests physiques et l'évaluation de la performance sont un moyen fondamental pour établir une image globale et un suivi de la condition physique d'un joueur. — Conditions : Il y a deux conditions nécessaires à l'obtention des résultats significatifs d'un test physique. La première est en relation avec la validité du test (à quoi le test est-il précisément valide ?). A cet égard, il est fondamental qu'un test spécifique soit approprié et corresponde à un besoin spécifique en cours de match. Par exemple, une course continue sans changement de direction ou d'allure n'a que peu d'utilité pour un joueur qui effectue des courses à vitesse maximale et haute intensité aboutissant à un changement d'activité toutes les six secondes. La deuxième condition est en relation avec la fiabilité et la reconductibilité du test. De manière à effectuer un test physique fiable et reconductible, il y a quelques paramètres-« clés » à prendre en considération au préalable : 1. Les joueurs doivent connaître le but du test. 2. Les joueurs doivent être bien reposés, mais suffisamment échauffés avant d'effectuer le test. 3. L'équipement nécessaire au test doit fonctionner parfaitement et la zone de test être clairement identifiée. 4. Les conditions du test doivent être cohérentes d'une situation à la suivante. 5. Les joueurs ont besoin de recevoir des indications claires sur la manière d'effectuer les tests. 6. Les joueurs devront exécuter les exercices du test au moins une fois à l'avance, afin d'avoir la certitude de s'y être familiarisés. Les conditions évoquées des points 1 à 4 s'assurent de la crédibilité de la procédure d'évaluation. Pour maintenir un niveau de motivation acceptable, il est important que les joueurs soient bien informés sur l'objectif du test. Il est également très important d'être bien reposé avant un test. Cela sous-entend, spécifiquement, que le joueur n'a exécuté aucun entraînement intensif ni la veille ni le jour-même du test. Il n'est pas conseillé, non plus, d'organiser un test physique, le lendemain de vols intercontinentaux, en raison des troubles dus au décalage horaire (jet lag). Concernant les conditions de déroulement des tests, il est important d'essayer de les effectuer toujours sur une surface de jeu identique. Testera les joueurs sur terrain détrempé est très différent que de les tester sur terrain sec ou sur piste. L'idéal serait de toujours effectuer les tests en salle, afin de tenir compte de cette éventualité. En fait, un paramètre à usage externe peut être aisément sacrifié pour un paramètre à usage interne. A propos des points 5 et 6, il n'est pas juste d'utiliser les résultats d'un test lorsqu'il est pratiqué pour la première fois. En vérité, les joueurs ne sont pas sûrs de bien savoir ce qu'on leur demande et ne savent pas encore la manière d'obtenir les meilleurs résultats possibles. En tenant compte de tous ces facteurs, les résultats des tests d'une séance donnée pourront être comparés à ceux des tests précédents et futurs. Exemples de tests : Tests de laboratoire : Le V02 Max : c'est le volume maximal d'oxygène prélevé au niveau des poumons et utilisé par les muscles par unité de temps. mesure qui caractérise notamment un niveau d'endurance physique. . Directe ou indirecte. . Sur tapis roulant. . Divers protocoles : — Lactates (détermination de la fatigue musculaire et de la capacité de récupération) VMA : la vitesse maximale aérobie (VMA) ou puissance maximale aérobie qui est la vitesse ou la puissance à partir de laquelle un sportif consomme le maximum d'oxygène. —Tests de terrain. —Tests de puissance. — Sauter et atteindre : évaluation de la capacité de détente verticale pieds joints. — Triple bond : évaluation de la capacité de saut horizontal monopodal. — Relèvements/pompe : évaluation de la puissance abdominale. — Tests de vitesse et d'agilité. — Sprint de 40 m. — Sprint des quatre lignes. — Course en zigzag. — Tests d'endurance aérobie et anaérobie — Course des trois coins : évaluation de l'endurance anaérobie. — Test navette : évaluation de la capacité aérobie spécifique au match. — Course de douze minutes : évaluation de l'endurance aérobie. — Tests spécifiques avec ballon (coordination et capacités psychomotrices et proprioceptives). — Slaloms divers chronométrés. — Test de Loughborough avec cibles sous stress du temps. Tests de la sudation : évaluation quantitative (pertes hydriques) et qualitative (équilibres électrolytiques). Tests psychologiques : — Enquêtes à titre individuel. — Motivation. Que dire en conclusion, sinon l'obligation absolue que nous avons à faire l'effort urgent de nous conformer dorénavant à des normes et à des procédures lors du choix et du programme de préparation de nos joueurs de football, quelle que soit leur catégorie. Et probablement aussi, de prêter beaucoup plus attention aux jeunes catégories qui doivent jouer plus au plus haut niveau, et que nous pouvons encore optimiser. Des tests simples pour lesquels aucun matériel sophistiqué n'est indispensable peuvent être rapidement rendus disponibles sur tout le territoire national. Les moyens humains existent, ils n'attendent que peu de moyens et la confiance des dirigeants sportifs. Ce n'est qu'au prix de cet effort de tous (joueurs, kinésithérapeutes et médecins, préparateurs physiques, coaches, et dirigeants) que notre football pourra espérer revenir au niveau africain, condition incontournable pour l'accès au niveau mondial. L'auteur est : Chirurgien orthopédiste-Traumatologie du sport 1983 directeur médical CEEMS,( Centre d'évaluation et d'expertise en médecine du sport-Chéraga (Alger) 2007 Membre CAF et FIFA (commissions de médecine du sport 1984. Membre du EMARC (Centre d'évaluation et de recherche médicale FIFA) 1998.