Le père du leader du "Hirak du Rif" au Maroc, Ahmed Zefzafi, a affirmé que les lourdes peines infligées mardi dernier par la justice marocaine aux militants du mouvement contestataire étaient "exagérées", soulignant que "même sous le régime espagnol de Franco, il n'y avait de telles condamnations". S'exprimant dans une déclaration au quotidien espagnol "El Pais", Ahmed Zefzafi s'est dit réconforté par la solidarité et le soutien exprimés par le peuple marocain à l'égard des 54 militants du mouvement Hirak condamnés, mardi soir par la Cour d'appel de Casablanca à de lourdes peines allant jusqu'à 20 ans après huit mois de procès. "Je suis très heureux car je vis dans un pays de joie", a réagi ironiquement le père de Nasser Zefzafi après la condamnation de son fils et leader du Hirak à 20 ans de prison ferme, affirmant apprécié énormément "le soutien du peuple marocain apporté aux détenus du Hirak". Ahmed Zefzafi a ajouté que "ce soutien est de ce qu'il y a de plus important à ses yeux". "Tant que nous avons le soutien de tout le peuple marocain, le reste je m'en fiche", a-t-il souligné tout en indiquant qu'il était "surpris des peines prononcées, d'autant que les revendications du mouvement Hirak n'étaient pas exagérées". Le père de Nasser Zefzafi a comparé "les jugements à ceux de l'époque franquiste en Espagne". "Quand quelqu'un demande une école, une université, un emploi et que tu passes 20 ans en prison, on se demande dans quel pays ont vit ?, a-t-il dénoncé, signalant que "même sous le régime de Franco, il n'y avait pas de telles condamnations". Indigné par ce jugement, il a soutenu qu'il va opté désormais pour le silence. "Je ne sais pas ... Je vais me taire, c'est mieux", a-t-il précisé. Les familles des détenus condamnées se sont rendues ce vendredi, tôt le matin, à la prison d'Oukacha pour leur rendre visite. Devant la prison, des membres du comité de soutien aux détenus du Hirak à Casablanca tiennent un sit-in devant la prison avec la participation de deux avocates des accusés, Asmae Elouadie et Saida Rouissi, dans ce dossier ayant décidé de se joindre aux familles pour réclamer la libération des "prisonniers politiques". Le père du leader du Hirak du Rif qui était présent à la prison d'Oukacha, pour rendre visite à son fils, a affirmé que Nasser Zafzafi se trouve dans un "état d'esprit excellent" et qu'il "fait face en tant que détenu, aux souffrances avec beaucoup d'ironie". Notons que la condamnation à de lourdes peines jusqu'à 20 ans de prison des militants du mouvement continue de susciter vendredi des réactions d'incompréhension et d'indignation dans le royaume et dans le monde. Des acteurs de la société civile et des organisations de défense des droits de l'Homme ont appelé à la poursuite des manifestations et des rassemblement pour dénoncer une "parodie de procès" et à la libération de tous les personnes condamnées. Des manifestations sont prévues dans les grandes villes marocaines, notamment à Al Hoceima, Nador, Rabat et à Casablanca pour dénoncer les lourdes peines prononcées contre les animateurs du Hirak du Rif, à l'appel d'associations et de comités de défense du mouvement. Une pétition avait été lancée mercredi réclamant au parlement marocain de promulguer une loi d'amnistie générale pour les détenus condamnés. La mobilisation s'organise également à l'étranger, notamment en France et en Espagne, avec des appels à des manifestations de soutien aux prisonnier du mouvement rifain. Deux rassemblements sont prévus ce samedi à Madrid et à Paris, pour dénoncer des "condamnations injustifiées" et réclamer "la libération des prisonniers.