Le leader du mouvement Hirak du Rif, Nasser Zefzafi, refuse toujours de faire appel de sa condamnation à 20 ans de prison et de demander au roi du Maroc Mohamed VI de le gracier à l'occasion de la célébration prochaine de la fête du trône. Selon le père du chef de file de la contestation rifaine, cité mardi par l'agence de presse espagnole (EFE), "Nasser Zafzafi n'a pas l'intention d'interjeter appel de la peine parce qu'il ne fait pas confiance à la justice marocaine". Ahmed Zefzafi a ajouté, selon la même source, "que cette affaire du mouvement Hirak n'est pas entre les mains de la justice", soulignant que "la justice ne peut rien faire tant qu'elle n'a pas reçu des instructions par téléphone". Le père de Zefzafi s'est dit "très pessimiste quant à l'avenir de son fils et des 52 autres Rifains condamnés à différentes peines de prison dans le même procès". Pour lui, "les militants du mouvement contestataire resteront en prison". Quant à savoir si son fils pourrait bénéficier d'une grâce royale lors de la prochaine fête du trône, comme l'ont annoncé certains médias du Makhzen, après l'indignation suscitée au Maroc et à l'étranger par l'annonce du verdict, jugé, "sévère", Ahmed Zefzafi a rejeté catégoriquement cette idée, a rapporté l'agence espagnole. "Si mon fils ne fait même pas appel de la sentence, comment va-t-il demander une grâce?", s'est-il interrogé. Ahmed Zefzafi a, par ailleurs, salué la solidarité manifestée par les Marocains qui ont été nombreux à condamner la sévérité des peines, donnant lieu à des manifestations de soutien dans plusieurs villes, dont Al-Hoceima, Rabat, Casablanca et Nador. S'agissant de la réaction de la classe politique marocaine, ayant également critiqué le verdict, Ahmed Zefzafi a déclaré "ne pas les prendre au sérieux", estimant que ce sont des réactions visant à "accumuler des voix électorales" sans chercher de solution à la crise du Rif. Les partis de la majorité marocaine ont exhorté, dans un communiqué, les accusés à exercer leur droit de faire appel, pour donner "l'espoir d'une révision de ces condamnations". Par ailleurs, Ahmed Zefzafi a critiqué fermement "le silence des principaux Etats alliés du Maroc face aux événements du Rif et des condamnations lourdes, notamment la France, l'Espagne et les Etats-Unis d'Amérique. "C'est comme si la France, l'Espagne et les Etats-Unis avaient un accord avec le Maroc pour nous donner des coups de bâton. Nous les rifains sommes sortis du rang et ils nous haïssent pour cela. J'espère seulement que la mort nous emportera sans que nous ayons changé", a-t-il dénoncé la position de ces trois pays à l'égard du mouvement populaire. Les lourdes peines de prison prononcées à l'encontre des accusés du Hirak continuent de faire réagir au Maroc et à l'étranger. Des personnalités du monde de la culture, des acteurs de la société civile et des membres des organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé le procès Hirak et les arrestations des militants de la contestation rifaine. L'écrivain et poète Abdellatif Laâbi, connu pour avoir été emprisonné entre 1972 et 1980 pendant les "années de plomb" pour ses positions militantes, a exprimé sa solidarité avec les détenus rifains et se dit "révolté" par la condamnation de Nasser Zefzafi et des autres leaders du mouvement.