Avec le 10e sommet des Brics qui s'est ouvert mercredi en Afrique du Sud, le bloc des économies émergentes inaugure un nouveau chapitre dans l'histoire de sa coopération, rejetant "une guerre commerciale", ont rapporté les médias. Lors de ce sommet annuel des chefs d'Etat et de gouvernement des Brics, les dirigeants du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud et pour lequel certains pays non membres ont été invités à l'image de la Turquie, "vont unir leurs efforts pour promouvoir" davantage encore un développement commun dans une conjoncture internationale changeante, a rapporté l'agence Chine Nouvelle. Outre des résultats du dernier sommet des Brics de septembre dernier à Xiamen (sud-est de la Chine), les pays membres tâcheront à trouver les moyens de garantir que leur propre croissance profitera à d'autres pays en développement, selon la même source. Lors de l'ouverture du sommet, les dirigeants des Brics ont mis en garde contre les politiques de l'unilatéralisme et du protectionnisme, soulignant que ces démarches vont à l'encontre du multilatéralisme et des intérêts du commerce multilatéral. Le président chinois Xi Jinping a souligné que les pays membres de cette organisation sont confrontés aujourd'hui "entre coopération et confrontation", appelant au rejet de "la guerre commerciale", estimant que "ceux qui veulent mener une guerre commerciale en paieront le prix". Il a assuré que son pays qui a déjà fait le choix d'ouverture, continuera à se développer avec "ses portes largement ouvertes". Son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, a fait part de sa "profonde inquiétude devant la montée de mesures unilatérales", considérée "incompatibles avec les règles du commerce international". La ministre sud-africaine déléguée aux Relations internationales et à la Coopération, Reginah Mhaule, appuie quant à elle cette vision. "Ces pays sont unis par une volonté forte de changer le système international avec l'ambition de refléter la diversité des puissances mondiales, des économies, des cultures et des sociétés en général", avait-elle confié en juin dernier. Le ministre sud-africain du Commerce et de l'Industrie, Rob Davies, a souligné, en marge du sommet, que les dirigeants et les représentants du monde des affaires participeront au sommet pour discuter des problèmes qui affecteraient l'avenir du groupe des Brics. Réunis en juin dernier à Pretoria, la capitale sud-africaine, les chefs de diplomatie des Brics avaient lancé un appel en faveur de la préservation du multilatéralisme et d'un ordre mondial s'appuyant sur des règles. Dans un communiqué conjoint, ils avaient "réaffirmé la centralité" des Nations Unies, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et du droit international. Ils avaient également souhaité une plus grande voix au chapitre pour les économies en développement et émergentes dans les processus de décision, notamment en matière de gouvernance économique, afin de mieux refléter le paysage international. Le conflit commercial entre les Etats-Unis et leurs partenaires menace "à court terme" la croissance mondiale, a prévenu la semaine dernière le Fonds monétaire international (FMI). Il nuit notamment "à tous les membres des Brics", qui ont "un intérêt collectif à promouvoir le commerce" entre eux, confirme Sreeram Chaulia, doyen de l'école des relations internationales de Jinda en Inde. Le Sommet des pays des Brics (Russie, Chine, Inde, Brésil et Afrique du Sud), de trois jours, a démarré mercredi dans la ville de Johannesburg (Afrique du Sud) sous le signe: "Les Brics en Afrique : Collaboration en vue d'une croissance inclusive et d'une prospérité partagée dans la 4ème révolution industrielle". Lancé en 2009, le forum de cinq pays émergents, qui rassemblent plus de 40% de la population de la planète, tente de contrebalancer des règles du jeu économique occidentaux. Parole aux experts L'expert de la Chine Robert Lawrence Kuhn, président de la Fondation Kuhn, cité par Chine Nouvelle, avait auparavant noté que "bien positionnés", les Brics pourront "faciliter l'émergence continue des plus grands pays émergents en vue de participer pleinement à un nouveau type de gouvernance mondiale, dont l'humanité a grandement besoin au XXIe siècle". Les Brics "illustrent" comment des pays du Sud peuvent travailler ensemble de façon productive, estime quant à elle Yazini April, chercheur au Conseil de recherche en sciences humaines (Hsrc) en Afrique du Sud. "Les Brics ont érigé une nouvelle scène pour les économies émergentes, ce dont on avait besoin", dit-elle. Pour le directeur de l'Ecole nationale d'administration (NSG) d'Afrique du Sud, Richard Levin, les Brics "peuvent améliorer" cette gouvernance mondiale "en réduisant simplement la pauvreté", l'une des priorités de l'Agenda 2030 de l'ONU. "C'est l'un des instruments les plus importants pour combattre la pauvreté. Les Brics veulent jouer un rôle dans la transformation de la gouvernance non pas pour la transformation elle-même, mais pour les populations", résume-t-il. Les pays des Brics détiennent plus de 20% de l'économie mondiale et abritent 40% de la population mondiale. Et le volume des échanges commerciaux avec le reste des pays du monde a atteint 5,9 trillions de dollars l'année dernière.