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Ouverture des bureaux de vote en Nouvelle-Calédonie pour le référendum sur l'indépendance
Publié dans Algérie Presse Service le 04 - 11 - 2018

Les 284 bureaux de vote de Nouvelle-Calédonie, archipel du Pacifique inscrit sur la liste des pays à décoloniser de l'Onu, ont ouvert dimanche à 08H00 pour un référendum d'autodétermination historique.
Les électeurs ont jusqu'à 18H00 pour venir dire s'ils souhaitent que la Nouvelle-Calédonie "accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante".
Près de 175.000 électeurs doivent répondre par "oui" ou "non" à la question "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante?". Une formule binaire, trouvée en mars dernier au terme d'une quinzaine d'heures de réunion entre les forces politiques de Nouvelle-Calédonie avec le Premier ministre français Edouard Philippe.
Dans Nouméa, la capitale, et ses alentours, qui concentrent les deux tiers de la population, et à quelques heures du scrutin, dont le résultat devrait être connu dimanche soir (dimanche matin en métropole), des partisans de l'indépendance ont donné de la voix vendredi le long des plages avec un cortège d'une vingtaine de voitures, dont les occupants ont agité le drapeau kanak en levant le poing aux cris de "Kanaky", ont rapporté les médias.
Les Kanak, dont la tendance radicale a appelé à boycotter le scrutin, représentent moins de 50% de l'électorat.
Trois partis défendent le "maintien dans la France", Calédonie ensemble (droite modérée), le Rassemblement LR et les Républicains calédoniens. Ils expliquent leur choix notamment par "le passeport européen, le système éducatif ou encore le 1,3 milliard d'euros d'aides annuelles de la France".
En face, les deux courants du FLNKS (Union calédonienne et Union nationale pour l'indépendance) appellent au changement, à plus de justice et d'égalité et font de la reconnaissance de leur peuple une question de dignité vis-à-vis d'un passé colonial traumatisant.
Le référendum marque l'aboutissement d'un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de quasi guerre civile entre Kanaks et Caldoches.
Théâtre d'un passé colonial violent, la Nouvelle-Calédonie, à 18.000 km de Paris, a connu, de 1984 à 1988 une insurrection des indépendantistes kanak qui a fait plus de 70 morts. Le paroxysme a été atteint en mai 1988 avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa - 19 militants kanak et 6 militaires tués.
Les accords de Matignon, signés en 1988 par l'indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur, consolidés dix ans plus tard par l'accord de Nouméa, ont institué notamment un rééquilibrage économique et géographique en faveur des Kanaks et un partage du pouvoir politique.
Mais les inégalités sociales restent criantes. "A Nouméa, les gens ont un salaire, en tribu la plupart des gens n'ont aucun salaire, aucun revenu monétaire", note Elie Poigoune, président de la Ligue des Droits de l'Homme.
Echec scolaire, chômage élevé, habitat précaire, une partie des Kanaks continuent de cumuler les difficultés, et certains jeunes ont sombré dans une délinquance de proximité.
Dans les deux camps, nombreux craignent que cette jeunesse désemparée ne manifeste violemment sa déception si le non l'emporte. Le Comité des Sages, créé pour veiller à la sérénité du scrutin, a appelé "à respecter le choix exprimé" et les états-majors politiques ont recommandé la discrétion à leurs militants dimanche soir.
Pour surveiller le scrutin, 250 "délégués" (magistrats, fonctionnaires de préfecture ou universitaires) seront déployés dimanche dans les bureaux de vote. La Calédonie étant inscrite sur la liste des pays à décoloniser de l'Onu, des observateurs de l'organisation internationale seront également déployés pour surveiller le scrutin.
Si le oui l'emporte, la Nouvelle-Calédonie deviendra un Etat souverain. Il s'agirait d'une première pour la France depuis l'indépendance de Djibouti (1977) et du Vanuatu (1980).
Cette indépendance se traduira par le transfert des compétences régaliennes (sécurité, ordre public, monnaie, justice) et l'accès à "un statut international de pleine responsabilité", a expliqué Matignon. Par ailleurs, les transferts financiers de l'Etat français (1,3 milliard d'euros par an) "seront caducs".
"La nouvelle organisation des pouvoirs publics résultant de l'accession à l'indépendance ne serait cependant pas effective au lendemain du référendum". Il y aura "une période de transition".
Des élections provinciales (pour renouveler le congrès de Nouvelle-Calédonie) se tiendront comme prévues en mai 2019. A l'issue de ces élections, si un tiers des membres du congrès le demande, un deuxième référendum sera organisé dans les dix-huit mois. En cas de nouveau vote du "non", il pourra être suivi d'un troisième.


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