Plus de huit mois après les élections législatives, le Liban est toujours sans gouvernement et les responsables ne parviennent pas à s'entendre pour former un cabinet d'union nationale, instaurant une paralysie et une inertie politique qui affectent l'économie nationale et met à mal la vie des Libanais. Depuis que Saad Hariri, a été reconduit au poste de Premier ministre en mai 2018, le Liban peine, en effet, à former un gouvernement, principalement en raison de divergences de différentes parties sur leurs représentations au sein du nouveau exécutif. A l'issue d'un long entretien avec le président libanais, Michel Aoun, M. Hariri a appelé les forces politiques à coopérer et à faire preuve de modestie pour accélérer la formation du cabinet, mettant en garde que le Liban ne pouvait pas continuer sans gouvernement. Néanmoins, le Hezbollah -accusé d'entraver la formation d'une nouvelle équipe ministérielle- insiste à faire intégrer un représentant de son camp, le groupe de six députés sunnites (8 mars), au gouvernement. Les six députés sunnites (8 mars), avaient annoncé le retrait du nom de Jawad Adra de leur liste de ministrable à présenter au président de la République. Cette décision a été motivée par la volonté du chef du Courant patriotique (CPL), Gebran Bassil, d'attirer M. Adra dans son giron et de former avec les ministres nommés par son parti et le chef de l'Etat un groupe de 11 ministres. La répartition des portefeuilles et notamment ceux de l'industrie, de l'Environnement et de l'information pose problème entre les différentes formations politiques. Pour M. Aoun, la formation d'un gouvernement solide offrira au Liban, la certitude d'être considéré par la communauté internationale comme un partenaire digne de confiance, mais M. Hariri a expliqué que la seule difficulté qui persiste pour la composition du gouvernement, est la représentation sunnite au sein du cabinet. Malgré les nouvelles complications apparues, M. Hariri s'est montré optimiste. "La situation économique est difficile, mais cela ne veut pas dire que c'est impossible", a assuré le chef du gouvernement. "Il y a beaucoup de projets, beaucoup de solutions, beaucoup de réformes", a-t-il souligné. Ce blocage politique a également affecté l'organisation du Sommet sur le développement socio-économique arabe prévu à Beyrouth les 19 et 20 janvier prochains. En effet, le président de la Chambre des députés du Liban, Nabih Berri, a appelé au report en raison de la faible participation des pays arabes due à l'absence d'un gouvernement libanais, soulignant la nécessité de voir la Syrie participer au Sommet. Toutefois, la Syrie ne pourra pas participer au Sommet, étant exclue de cette organisation panarabe. == Inquiétude internationale, économie au ralenti == Le sous-Secrétaire d'Etat américain aux Affaires politiques, David Hale, en visite depuis samedi à Beyrouth a réaffirmé le "fort" soutien des Etats-Unis au Liban lors d'un entretien avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, disant soutenir les institutions gouvernementales du Liban, soulignant l'engagement de Washington envers la sécurité, la stabilité et la prospérité du pays. "Nous soutenons les Forces armées et les Forces de sécurité intérieure du Liban dans leurs efforts pour sécuriser les frontières du pays et défendre la souveraineté du gouvernement libanais, tout en préservant la sécurité interne du pays", a indiqué M. Hale. Quelques jours plus tôt, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a estimé au Caire que la présence du Hezbollah au Liban restait majeure, soulignant que Washington n'allait plus accepter ce statu quo. Le chef de la diplomatie américaine a, en outre, appelé les pays du Moyen-Orient à dépasser les vieilles rivalités, exprimant l'espoir que le nouveau gouvernement libanais bâtira un Etat "sûr et stable". Sur le plan économique, le pays est confronté à un ralentissement de la production provoqué par une perte de confiance des partenaires et des flux d'investissement qui n'encouragent ni ne motivent les entreprises à produire ou à investir, subissant les conséquences de la crise en Syrie. Selon Mohamed Choucair, président de la Chambre de commerce et d'industrie libanaise, environ 2 200 entreprises ont fermé leurs portes en 2018, entraînant une augmentation du chômage. La communauté internationale s'est engagée en avril dernier, à hauteur de 11,5 milliards de dollars en prêts et dons pour le Liban. Mais les montants promis sont essentiellement affectés à des projets d'infrastructures qui ne peuvent être mis en oeuvre en l'absence d'un nouveau cabinet. Dans ce sens, plusieurs organisations ont appelé à la grève générale pour réclamer la formation immédiate du cabinet, lutter contre la corruption. L'aéroport de Beyrouth et les hôpitaux gouvernementaux ont cessé le travail pendant une heure vendredi dernier, tandis que le port de la capitale et l'Electricité du Liban étaient, eux, totalement à l'arrêt.