Les Français montrent de plus en plus leur défiance envers les médias, notamment dans le contexte actuel où la France est traversée par une crise sociale et politique, révèlent les résultats d'un sondage publié jeudi par le quotidien La Croix. Réalisé par Kantar Sofres, le baromètre traditionnel de "La confiance des Français dans les médias" montre que seulement 24 % des sondés jugent les journalistes "indépendants" aux pressions politiques et du pouvoir et 26 % aux pressions de l'argent. Ainsi, ils montrent une vraie défiance envers les médias, relève le baromètre qui précise que la TV est en net recul (38 % sont confiants) par rapport aux années précédentes, suivie de la radio (50 % sont confiants). Pour la presse écrite, ils sont 44 % à montrer leur confiance, alors qu'internet est jugé "fiable" par un quart des sondés qui accordent un grand intérêt (67 %) pour l'actualité. Les plus jeunes (15-24 ans) sont moins de la moitié (49 %) à s'intéresser à l'actualité, tandis que près des trois quarts des plus de 65 ans témoignent d'une appétence moyenne voire grande (74%) à l'actualité. Selon l'étude, réalisée du 3 au 7 janvier 2019 auprès d'un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, les Français accordent le moins de confiance à ceux qu'ils utilisent le plus pour s'informer, précisant que la télévision qui vient en premier lieu avec 46 % des sondés, devant Internet (29 %). Pour plus d'un tiers (37 %) des sondés, les journalistes "devraient agir contre la propagation des fake news", suivis des organes de contrôle des médias (35 %), des citoyens eux-mêmes (31 %) et le gouvernement (23 %). En ce qui concerne le traitement du mouvement social des "gilets jaunes", moins d'un tiers (32 %) des Français se disent satisfaits de la couverture médiatique du mouvement, alors que 51 % la juge mauvaise. Ils reprochent notamment aux médias d'avoir "dramatisé les évènements" (67 %), trop laisser s'exprimer un point de vue extrême (52 %), ne pas avoir permis de "bien comprendre" (54 %). Au sujet de la violence envers les journalistes sur le terrain de la couverture des rassemblements des "gilets jaunes", 23 % des sondés jugent qu'elle est justifiée, alors que 32 % la condamne. Sans la condamner, 39 % des Français ne la jugent "pas vraiment justifiée". Les médias, notamment les chaînes d'information en continu, et les journalistes vivent un sale temps depuis le début du mouvement des "gilets jaunes" le 17 novembre dernier. Ils sont conspués, insultés et parfois menacés par les activistes de ce mouvement qui qualifient leur travail de "partial" en soutien des thèses du gouvernement. Ce qui n'a pas empêché les médias dans leur ensemble de faire un exercice d'introspection et d'autocritique afin de ne pas avantager le creuset entre eux et les Français. Cependant, les Français sont nombreux à penser que la presse en France, dans son ensemble, perd progressivement de sa crédibilité depuis s'être vendue au pouvoir de l'argent. Dans son ouvrage "Main basse sur l'information", Laurent Mauduit (2016) a dénoncé "l'état de servitude dans lequel sont placés la presse et tous les grands médias d'information, radios et télévisions" contrôlés par une poignée de milliardaires.