Des centaines d'avocats à travers le pays sont sortis mercredi dans la rue pour appeler à "l'indépendance de la justice" et le "respecte de la souveraineté du peuple", ont constaté des correspondants de l'APS. Dans les wilayas du Centre, les robes noires ont tenu des rassemblements et des marches pour demander "le changement du système de gouvernance", "l'indépendance de la justice" et le "respect de la souveraineté populaire". Des avocats de Blida, Bejaia et Chlef se sont rassemblés devant les sièges des cours de justice de leurs wilayas respectives, brandissant des banderoles et des pancartes pour demander "le départ de toutes les personnalités qui représentent le système de gouvernance actuel, contesté par le mouvement populaire depuis le 22 février dernier". Ils ont aussi exigé "l'application des articles 7 et 8 de la Constitution qui consacrent la souveraineté populaire". A Bejaia, les avocats ont demandé de "privilégier une solution politique, au détriment d'une fixation sur l'application stricte de la Constitution, pour le règlement de la crise", suggérant la mise en place d'une période transition, qui sera dirigée par des "personnalités compétentes et intègres à même de réunir les conditions idoines pour l'organisation d'élections propres et honnêtes". Dans les wilayas de Tizi-Ouzou et de Bouira, ces rassemblements d'avocats ont été suivis de marches durant lesquelles les robes noires, portant l'emblème national, ont sillonné les artères principales de ces deux villes en scandant les mêmes slogans. A Tizi-Ouzou, une marche des greffiers pour demander le changement du système également a eu lieu à partir du tribunal administratif vers la cour de justice, alors qu'à Bejaia, des employés communaux, animés de motivations identiques, ont pris part à une marche pacifique sur le "boulevard de la liberté". Ils ont appelé à un "changement et à une rupture radicale pour la construction d'un état de droit respectueux des libertés individuelles et collectives". Ce mouvement de protestation des avocats est marqué par une grève de quatre jours qui se poursuivra jeudi, dimanche et lundi prochains. Dans des wilayas du Sud, les avocats ont observé des sit-in de protestation, à l'appel de l'Union nationale des ordres des avocats en appui aux revendications du mouvement populaire. A Adrar, ils ont tenu un rassemblement pacifique devant la Cour de justice et ont scandé des slogans dénonçant les "réactions violentes opposées à des manifestants pacifiques", annonçant par la même occasion leur boycott des audiences à compter de ce jour (mercredi, Ndlr). Même ambiance dans les wilayas de Ghardaïa et d'El-Oued, où les avocats ont également fait part de leur intention de boycotter les audiences, en soutien au mouvement populaire "Hirak". Dans le même sillage, des manifestations populaires pour un changement politique "profond" et la réclamation du départ des figures du système, les étudiants ont poursuivi leur action de protestation à l'Université Kasdi Merbah à Ouargla. Les travailleurs de la Caisse nationale des assurances sociales ont, de leur côté, tenu une action de protestation devant le siège de la Caisse brandissant des slogans appelant au changement. A Biskra, les avocats affiliés à la Cour de justice ont organisé un sit-in pour exprimer leur soutien aux revendications du mouvement populaire. Les protestataires qui ont insisté sur le respect de la liberté d'expression et la volonté populaire pour le changement, ont considéré que la justice était appelée à "protéger ces droits d'autant que ses jugements sont prononcés au nom du peuple". L'instance de défense dont la position vis à vis du mouvement populaire était claire, a "le devoir de défendre la volonté populaire pour l'application des articles 8 et 8 de la Constitution'', ont-ils opiné. Dans l'ouest du pays, des dizaines d'avocats, affiliés au bâtonnat de la région de Mostaganem (Mostaganem, Relizane, Tiaret et Tissemsilt), ont organisé un sit-in devant la cour pour soutenir le mouvement populaire et ses revendications. Les manifestants, vêtus de leurs robes noires, brandissant les couleurs nationales et des banderoles, ont appelé l'autorité judiciaire (magistrats) à ouvrir des dossiers concernant les affaires de corruption et poursuivre les personnes impliquées. Les avocats ont également exprimé leur attachement aux revendications du mouvement populaire portant notamment sur un changement radical, la promotion des libertés collectives et individuelles, et l'instauration de la justice sociale.