Jeudi, après une marche qui a commencé près du siège du ministère de l'Energie, des avocats du barreau d'Alger, en robes noires et brandissant des drapeaux algériens, ont organisé un rassemblement devant le siège du Conseil constitutionnel à Alger, en scandant des slogans notamment contre la candidature du président sortant pour un nouveau mandat, et portant des pancartes où on pouvait lire: «oui pour une justice indépendante», «non pour la violation des lois», et «respect de la volonté populaire», et pour réclamer des changements politiques profonds et l'Etat de droit. Cette manifestation s'est déroulée sous une présence policière renforcée pour éviter tout éventuel incident. Le flot de voitures, qui se déversait continuellement sur le carrefour du Val d'Hydra, donnant directement sur la sortie ouest d'Alger par l'autoroute, a été légèrement ralenti en fin de matinée, faisant craindre aux automobilistes un embouteillage monstre qui les aurait immobilisé sur place, mais il n'en fut rien, la circulation a vite repris son rythme habituel grâce, en fait, à la présence d'agents de police qui ont ouvert et facilité le passage aux nombreux véhicules. Des poids lourds du barreau étaient présents ainsi que d'autres avocats engagés dans la lutte pour les droits de l'Homme. Des rassemblements similaires ont été menés par des avocats des ordres régionaux de Constantine et de Batna, devant les cours de justice, ont constaté des correspondants de l'APS. La même source indique que dans la wilaya de Mila relevant de l'ordre régional de Constantine, des dizaines d'avocats se sont rassemblés devant la Cour de wilaya puis ont marché dans plusieurs avenues de la ville, brandissant des banderoles sur lesquelles était écrit Oui à l'Etat de droit et «Défense de la voix du peuple». La cour de Constantine a connu un regroupement analogue des avocats qui ont marché jusqu'au pôle judiciaire, boulevard Mohamed Belouizdad, au centre-ville, avant de revenir au siège de la Cour, scandant des slogans pour le changement et la réforme sans toutefois perturber le trafic automobile et au milieu d'un dispositif sécuritaire. A Skikda, des avocats de divers tribunaux de la wilaya vêtus de robes noires se sont rassemblés devant le siège de la Cour répétant les mêmes mots d'ordre. La même action a été observée devant la cour de justice de Batna. Par ailleurs, de nombreux journalistes - de médias privés et publics de presse écrite et du secteur de l'audiovisuel - se sont également rassemblés pour le 2e jeudi consécutif sur la Place de la Liberté de la Presse, dans le centre d'Alger, pour protester à nouveau contre les «pressions» exercées selon eux par leur hiérarchie dans leur couverture du mouvement de contestation. La police n'est pas intervenue. Le caractère pacifique des actions des avocats et des journalistes va dans le même sens que les marches populaires enregistrées ces derniers jours à travers différentes régions du pays, et qui ont démontré la maturité des citoyens, notamment les jeunes, qui ont su exprimer sans violence leurs opinions, consacrant ainsi le pluralisme démocratique qui peut être considéré aujourd'hui comme une réalité palpable». Il y a visiblement chez les manifestants un souci de prudence quant à une éventuelle infiltration qui risque de provoquer le chaos avec tout ce que cela peut entraîner comme crises et malheurs et qui porteraient atteinte à la stabilité que tous les Algériens sont décidés à préserver parce qu'elle leur permet de se consacrer à leurs activités sans rupture.