Plusieurs partis politiques et personnalités nationales ont décliné l'invitation de la Présidence de la République à une rencontre de concertation en vue de discuter de la situation politique dans le pays et des moyens à même de garantir la transparence de l'élection présidentielle, prévue le 4 juillet prochain. Dans ce cadre, le président de Talaie el Hourriyet, Ali Benflis, a estimé que "ces concertations sont inopportunes et hors du sujet de l'heure et ne manqueront pas d'être perçues par notre peuple comme une provocation visant à éluder la réponse à ses justes revendication". "En conséquence je ne participerai pas ces consultations et comme citoyen je partage pleinement les revendications de notre peuple", a-t-il affirmé. Le président du Mouvement de la société de la paix (MSP), Abderzak Makri, a décliné également l'invitation de la Présidence, expliquant sur sa page Facebook que pour le MSP cette rencontre "constitue une atteinte à la volonté populaire et est à même d'aggraver la situation" appelant "toutes les forces politiques et civiles à son boycott". "Le MSP rappelle au régime en place que c'est la politique du fait accompli qui a conduit à la situation actuelle", a-t-il ajouté mettant en garde contre les "graves conséquences, dont la responsabilité incombe aux réels décideurs, de la persévérance dans l'intransigeance, en ignorant les revendications du peuple algérien qui réclame que soient écartés les symboles du régime de la gestion de la période de transition et enclenchée une véritable transition démocratique à travers le dialogue et le consensus national". De son côté, le président du Front Justice et Développement (FJD), Abdellah Djaballah, a expliqué que son parti refuse de dialoguer avec "une personnalité rejetée par le peuple algérien et dont le départ est réclamé par des millions de citoyens". "Le peuple a dit son mot et a retiré sa confiance à Bensalah, et moi-même je lui retire ma confiance et soutient qu'il n'a plus le droit de rester au pouvoir et doit démissionner et laisser la voie à des personnalités crédibles et intègres pour diriger la période de transition", a soutenu le président du FJD. Dans un communiqué du Front national algérien (FNA), son président Moussa Touati, a annoncé sa non participation à cette rencontre, considérant que "l'invitation à la concertation (...) est une réflexion sans objet tant qu'une solution n'est pas trouvée pour répondre aux revendications du Hirak populaire". "Le règlement de cette situation ne peut se faire avec des figures rejetés par le peuple", a-t-il-souligné. Abondant dans le sens du boycott de la rencontre de concertation initiée par la Présidence de la République, le Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD) a estimé qu'elle "n'avait pas de légitimité populaire". Le PNSD a affirmé, dans son communiqué, "respecter et adhérer entièrement aux revendications du peuple". En fin, l'ancien chef du Gouvernement, Ahmed Benbitour qui a déclaré "n'avoir pas reçu d'invitation de M. Bensalah", a indiqué lors du forum Al-Hiwar que la décision de sa participation ou non à la présidentielle du 04 juillet était prématurée et qu'il fallait attendre ce que les jours à venir réservent". ==Des personnalités rencontrent Bensalah pour formuler des propositions de sortie de crise== Le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, avait reçu, jeudi dernier à Alger, MM. Abdelaziz Ziari, Abdelaziz Belaïd et Miloud Brahimi, en tant que personnalités nationales dans le cadre de la volonté de concertation que prône le chef de l'Etat dans le traitement de la situation politique du pays. Le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaïd a déclaré avoir présenté lors de cette rencontre "des solutions à même de garantir la régularité et la transparence des élections, et ce à travers l'instance indépendante des élections. Celle-ci doit être dotée, d'une "totale indépendance", et de "prérogatives de contrôle et d'organisation du déroulement de toutes les phases du processus électoral". Belaïd a estimé que "la stabilité du pays, la préservation des institutions et des personnes, ainsi que "le transfert du pouvoir dans le cadre de la légalité ne peut se faire qu'à travers des élections propres et transparentes". Pour sa part, Me Miloud Brahimi a plaidé pour la mise en place d'une "commission souveraine", chargée de gérer la transition et l'organisation de l'élection présidentielle "sans hésiter à mettre la Constitution de côté". Cette commission qui sera créée en accord avec les partis politiques et les représentants de la société civile "peut différer la date de l'élection présidentielle et préparer le terrain afin d'assurer le départ définitif de ce système", avait déclaré Me Brahimi. "Le contexte politique actuel du pays ne permet pas d'organiser une élection présidentielle qui soit au niveau des attentes du peuple. Il faut aboutir à la refondation du pays et à la construction d'un régime digne des attentes de ce peuple", a indique l'avocat et juriste, estimant que la mobilisation populaire "est une véritable révolution en Algérie et dans le monde".