La répression cette semaine du mouvement de contestation par les militaires au pouvoir au Soudan a fait 101 morts, essentiellement dans la dispersion lundi d'un sit-in devant le siège de l'armée, selon un dernier bilan annoncé mercredi par un comité de médecins. Un précédent bilan a fait état de 60 morts. Parmi les morts, 61 ont été comptabilisés dans les hôpitaux et 40 ont été retrouvés dans les eaux du Nil, selon ces médecins proches des manifestants, qui n'ont pas fourni plus de détails. La répression a également fait 326 blessés, ont-ils ajouté. Des manifestants qui campaient depuis début avril devant le QG de l'armée à Khartoum, où ils réclamaient le départ des généraux au pouvoir, ont été violemment dispersés lundi. Les chefs du mouvement de contestation, qui ont parlé de "massacre", ont également dénoncé de nombreuses exactions depuis cette date, commises selon eux par les hommes du Conseil militaire, qui a pris les rênes du pouvoir au Soudan le 11 avril après la destitution du président Omar el-Béchir. Dans ce contexte, les chefs de la contestation ont rejeté l'offre de dialogue lancé mercredi par le chef de ce Conseil. "Le peuple soudanais n'est ouvert ni aux négociations, ni à ce Conseil militaire qui tue des gens", a indiqué Amjad Farid, porte-parole de l'Association des professionnels soudanais, acteur central de la contestation. Dans un message lu à la télévision nationale, le chef du Conseil militaire, Abdel Fattah al-Burhane, avait dit plus tôt "regretter les événements" et assuré que le Conseil était ouvert aux négociations "sans restriction", après les avoir pourtant totalement rejetées mardi. Les négociations entre les militaires et la contestation avaient été suspendues le 20 mai, chaque camp refusant de céder à l'autre la direction de la transition politique. La nouvelle position affichée des généraux intervient dans un contexte de pression internationale. Le secrétaire général de l'ONU, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont condamné les violences. Des alliés de poids du Conseil militaire, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l'Egypte, n'ont pas dénoncé la répression mais ont appelé au "dialogue" entre les parties.